THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 

CHICLAIR. - Moi, la salade d'oranges n'a pas passé par le bon chemin.

VACHARD. - Alors, madame Petenvert ?...

CHICLAIR. - Elle n'a pas à se vanter !

VACHARD. - Mademoiselle Euphémie non plus ; mais ça ne fait rien, cette méprise veut du sang !

CHICLAIR. - Jouons-la au domino !

?
VACHARD. - Vous êtes encore pochard !... Allons, en garde ! (Ils croisent le fer, se retournent et sabrent les ifs.)


SCÈNE IV


LE COLONEL, LES PRÉCÉDENTS.


LE COLONEL. - Qu'est-ce que c'est ? morbleu !

TOUS. - Le colonel Vertébral ! (Les femmes se prosternent.)

LE COLONEL, d'un ton de commandement. - Relevez-vous !... Expliquez-vous !... Il faut qu'un pareil scandale finisse ! Voilà plus de trois mois que vous logez l'un chez l'autre !

CHICLAIR. - Mon colonel, cette nuit seulement, une méprise dont vous êtes cause. Vous nous avez trop bien traités hier, et les fumées du vin... le homard... la salade d'oranges... rien n'a voulu passer — les orangers, les ifs ! Et nous nous sommes trompés de porte... C'est sans y voir... 

LE COLONEL. - Trompe d'éléphant ! Je vous défends de recommencer. C'est d'un mauvais exemple pour l'armée ! Serrez la colonne ! Guides à droite ! Reconnaissez vos hôtesses réciproques, et que, dans une heure, elles soient vos épouses légitimes.

VACHARD. - Une heure ! vous êtes trop bon, colonel !

LE COLONEL. - Vous hésitez !... Je vous colle aux arrêts pour un mois. Et vous, mesdames... (À part.) Belles gaillardes, de la croupe et de l'avant-main. Approchez-vous ! Je vous flanque en fourrière pendant ce temps-là. Suivez-moi à la place ! Voici mes bras... Venez ! je vous offre à déjeuner et à dîner pour un mois. Embrassez- moi, sur ma croix !

VACHARD, railleur. - Un homme charmant, le colonel !

CHICLAIR. - Il n'a qu'un défaut, il est trop bon !


RIDEAU


 




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