THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

LE PASSANT. - Vous n'ayez donc pas vu ?


FORESTIER. - Je n'ai rien vu du tout, racontez-moi donc ça.


LE PASSANT. - Figurez-vous que... (Il s'en va en répétant.) Ah ! Ah ! Ah !


FORESTIER, l'imitant. - Ah ! Ah ! Ah ! Il est malade celui-là, ce n'est pas possible autrement Avec tout ça, je ne vois toujours pas mon Paul.


LE DEUXIÈME PASSANT. - Oh ! Oh ! Oh ! Oh !


FORESTIER. - Allons bon voilà que ça recommence !


LE DEUXIÈME PASSANT. - Ah, que c'est grand, que c'est sublime !


FORESTIER. - N'est-ce pas ? c'est magnifique !


LE DEUXIÈME PASSANT. - C'est beau, n'est-ce pas, Monsieur ?


FORESTIER. - C'est superbe je suis de votre avis. Qu'est-ce qu'il y a donc ?


LE DEUXIÈME PASSANT. - Comment vous ne savez pas ?


FORESTIER. - J'ignore complètement.


LE DEUXIÈME PASSANT répète en s'en allant. - Oh ! Oh ! Oh !


FORESTIER, l'imitant. - Oh ! Oh ! Oh ! Décidément, ils sont fous avec leurs exclamations. Cependant, j'aperçois, là-bas une foule de gens qui paraissent très affairés ! Un accident sans doute, je ne peux pas aller voir ça, j'ai donné rendez-vous à Marasquin ici.


LE TROISIÈME PASSANT. - Ah pour un acte de courage, voilà un acte de courage !


FORESTIER. - Enfin, je vais peut-être savoir !


LE TROISIÈME PASSANT. - Vous avez vu, Monsieur ? Croyez-vous, une minute plus tard, il n'était plus temps !


FORESTIER. - Permettez !


LE TROISIÈME PASSANT. - Des choses comme ça, voyez-vous, on s'en souvient toute sa vie !


FORESTIER. -. Dites-moi donc ?


LE TROISIÈME PASSANT. - Je suis sûr que je n'en dormirai pas de la nuit.


FORESTIER. - Expliquez-moi donc !


LE TROISIÈME PASSANT. - Je n'ai pas le temps, Monsieur, il faut que je télégraphie ça au Figaro. (Il se sauve.)


FORESTIER. - Décidément, je ne parviendrai jamais à savoir ce qui s'est passé.


LORD TOGRAF. - Aho ! Aho !


FORESTIER. - Allons bon en voilà encore un !


LORD TOGRAF. - Aho ! Aho ! Je étais toute prête de me trouver indis. Indis.


FORESTIER. - Posé !


LORD TOGRAF. - Posé, yes, merci ! C'était une cata. une cata. une cata.


FORESTIER. - Plasme ?


LORD TOGRAF. - No ! Pas plasme ! Une cata !


FORESTIER. - Une cata. quoi ?


LORD TOGRAF. - No pas quoi ! Une cata. strophe, yes, strophe, strophe, merci !


FORESTIER. - Il n'y a pas de quoi.


LORD TOGRAF. - Jamais mon pauvre cœur, il avait tant pal. pal.


FORESTIER. - Pité ?


LORD TOGRAF. - Pité, yes. Oh ! Merci vos étiez bien aimable vos aviez une bonne tête sur les épaules.


FORESTIER. - Je ne suis pas le seul Dites-moi, Monsieur, qu'est ce qu'il y a donc ?


LORD TOGRAF. - Aho ! je vais vous dire. Mon pauvre fille il avait manqué de se baigner morcellement. Il s'était trop avancé dans le mer, y voyait pas une grande bateau qui avançait sour loui avec bôcoup de fioumée et mon pauvre fille, il était entortillonnée dans le roue de le mécanique à vapeur. Sans le courage d'une bonne pétite matelot, il allait périr noyée mort sous les yeux de son père.


FORESTIER. - Pauvre Monsieur ! c'était votre fille ?


LORD TOGRAF. - Yes à moi, et à mon femme qui était restée à Liverpool pour acheter une bateau. Ce fromoge de gruyère.


FORESTIER. - Ah, quelle émotion vous avez dû éprouver !


LORD TOGRAF. - Terrible, Monsieur, terrible, yes !


FORESTIER. - Et vous avez pu savoir le nom de ce petit matelot ?


LORD TOGRAF. - - Le nom, si, oui, yes, c'est un nommé attendez donc. Peul, Paul Forestier.


FORESTIER. - Ah ! aïe ! Aïe ! Aïe ! (Il tombe à la renverse.)


LORD TOGRAF. - Eh ! bien, Môssieur, qu'est-ce que vous faisez ? (Il souffle dessus et lui tape sur la figure.)


FORESTIER, revenant à lui. - Permettez, vous avez dit son nom ?


LORD TOGRAF. - Paul Forestier !


FORESTIER. - J'avais bien entendu. (En tombant lourdement il donne un grand coup de tête à l'Anglais qui tombe avec lui.)


LORD TOGRAF - Aho ! Encore ?


FORESTIER. - Vous avez dit : Paul Forestier ! Mais, Monsieur, c'est mon fils !


LORD TOGRAF. - C'est votre fils ? Mais alors vos seriez donc son père ?


FORESTIER. - Mais certainement ! mon brave Monsieur Tograf.


LORD TOGRAF. - Oh dans mes bras le brave papa de votre fils. (Ils s'embrassent). Dites moi, brave papa ? Je suis riche, très riche et je étais heureux de pouvoir faire le bonheur de votre petit garçonne. Je suis armateur et je volais associer avec moi votre fils, qui m'a-t-on dit est très intelligent, beaucoup capable.


FORESTIER. - Oh ! Monsieur Tograf, vous êtes vraiment trop bon !


LORD TOGRAF. - No !


FORESTIER. - Si, si !


LORD TOGRAF. - No, je vos disais no, c'est que c'était no.


FORESTIER. - Moi, ça m'est égal, je ne veux pas vous contrarier pour si peu.

LORD TOGRAF. - Je vos quitte ! À tout à l'heure je vos attends pour déjeuner avec votre garçonne, à mon hôtel, là-bas, où que vous voyez hôtel de l'Escargot sympathique.


FORESTIER. - C'est entendu, monsieur Tograf. À tout à l'heure ? (L'anglais s'éloigne en saluant majestueusement.) Ainsi voyez donc, ce pauvre Paul, j'arrive ici pour assister à son triomphe. Ah, le voilà, je l'aperçois !


PAUL. - Tiens ! vous ici mon brave père ! par quel hasard ?


FORESTIER, les sanglots l'empêchent de parler. - Mon Paul ! je te demande pardon !


PAUL. - Allons, voyons, père, remettez-vous ! voyons !


FORESTIER. - Ah ! mon ami, comme j'ai été injuste envers toi, combien je regrette de t'avoir ainsi méconnu !


PAUL. - Ne parlons plus de ça, je vous en prie.


FORESTIER. - Et j'arrive ici justement comme par un fait exprès, pour assister à une de tes actions d'éclat !


PAUL. - Oh ! ça ne vaut pas la peine d'en parler


FORESTIER. - Mais au contraire j'en suis fier pour toi ! J'ai vu le père de cette jeune fille, que tu as sauvée, il veut te faire une position en t'associant avec lui, et qui sait, peut-être fera-t-il de toi son gendre. Allons mon cher ami, viens déjeuner, il ne faut pas faire attendre ce monsieur. Ensuite nous irons ensemble au village, tu viendras embrasser ta mère et assister au mariage de Gertrude !


(Ils s'embrassent.)


 

RIDEAU




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