BEAUGRILLÉ. - Ah, ça ! Voyons qu'est-ce que vous faites ?
BENJAMIN. - Je vous demande pardon, Monsieur, je croyais que c'était un client !
BEAUGRILLÉ. - Comment, c'est comme ça que vous recevez les clients ?
BENJAMIN. - Je vais vous dire, Monsieur, si vous aviez vu ceux qui se sont présentés ici, depuis cinq minutes, ça vous aurait joliment fait peur.
BEAUGRILLÉ. - Comment, ils m'auraient fait peur, pourquoi ça ?
BENJAMIN. - Mais, Monsieur, il est venu des clients qui avaient
des têtes toutes noires.
BEAUGRILLÉ. - Je le sais bien, ce sont les ambassadeurs de Madagascar. Comment, vous les avez reçus à coups de bâton ?
BENJAMIN. - Et je les ai même bien appliqués. Dame ! Monsieur, je ne savais pas, vous ne m'avez pas prévenu.
BEAUGRILLÉ. - C'est vrai, je n'y ai plus pensé. Et à part ça, est-il venu d'autres clients ?
BENJAMIN. - Oh ! il en est venu deux ou trois mauvais !
BEAUGRILLÉ. - Enfin, c'est bien, une autre fois quand les princes reviendront, vous ferez plus attention, n'est-ce pas ?
BENJAMIN. - Soyez tranquille, Monsieur, maintenant que je suis prévenu. (Il prend son bâton pour s'en aller, en se retournant il attrape Beaugrillé en pleine figure et il sort.)
BEAUGRILLÉ. - Voyons faites donc attention ! (Seul.) Enfin, je vais aller trouver ces pauvres princes, je vais leur présenter mes excuses Dorénavant quand j'aurai besoin de m'absenter, je prendrai mieux mes précautions. Oh ! quelle fatalité.
Le rideau tombe.