MADELON, - s'adoucissant. - Non, mon chéri, mon bijou, assez, merci, je ne prendrai plus rien.
GUIGNOL. - C'est bon, alors..., je vais revoir le papa Gonnivet.
MADELON. - Va ! Va ! mais ne rentre pas tard !
GUIGNOL. - C'est toi qui vas rentrer, et vivement..., et que tout soit prêt pour quand je reviendrai. (Il la pousse.)
MADELON, revenant. - Ah ! gredin ! Bandit ! Voyou !...
GUIGNOL, menaçant. - Madelon !
MADELON. - Je rentre !... je rentre... (Fausse sortie.)
SCÈNE VII
LES MÊMES, GONNIVET
GONNIVET. - Un instant ! je vois que ma racine a produit son effet.
GUIGNOL, l'embrassant. - Ah ! Patron !
MADELON. - Quoi ! c'est vous qui...
GUIGNOL. - Madelon ! (Madelon reste coite.)
GONNIVET. - Oui, c'est moi, qui, avec une brillante fortune, ai rapporté cette racine efficace, à la portée de toutes les bourses.
GUIGNOL. - Je la prêterai dans le quartier.
GNAFRON. - Monte une boutique de location ! tu gagneras gros à la louer aux voisins.
GONNIVET. - Ne vous plaignez pas, Madelon, rien ne va droit dans un ménage, quand ce n'est pas le maître qui commande... et vous me bénirez bientôt du service que je vous ai rendu en vous guérissant d'une maladie... qui fait souffrir, hélas ! bien des femmes... Ça ne veut pas dire que votre mari ne peut pas vous aider aux tâches ménagères. Vous pourrez également participer avec lui aux décisions importantes de la maison. Et pour signer notre traité de paix, suivez-nous... c'est moi qui régale.
TOUS. - Vive le papa Gonnivet ! (Ils disparaissent bras dessus, bras dessous, en chantant : « Allez-vous-en, gens de la noce. »).
LE RIDEAU TOMBE
Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5530945q.r=guignol.langFR