THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

CONTE DU CHAT, DU COQ ET DU RENARD

 

conte folklorique russe


chat coq et renard, marionnettes en papier
https://sidex.ru/view.php?id=1577807&breg=ucity_2996944

Texte de Marie Pancrace. Libre de droits.
 

PERSONNAGES :

CHATOUNET, le chat

COQUELET, le coq
RENARDETTE, la renarde

PICPIC, le pivert.


Décors : cabane du coq et du chat sur la gauche, un arbre à droite.

(Chatounet sort de la cabane sur la gauche. Coquelet jette un coup d'œil par la fenêtre).

 

CHATOUNET. - Je vais dans la forêt chercher du bois de chauffage car nous n'avons plus rien pour nous chauffer. Je te confie la maison, Coquelet. Tu en es le gardien et tu dois la garder. Je pars pour un bon moment, Coquelet. Ne laisse entrer personne, surtout pas le renard, ni le méchant loup. C'est compris ? N'ouvre à personne !

 

COQUELET. - J'ai compris, Chatounet, je n'ouvrirai à personne. Mais, je t'en prie, fais le plus vite possible. Tu sais que j'ai peur quand je suis seul à la maison.

 

CHATOUNET. - C'est ça ou mourir de froid. Nous n'avons pas le choix. C'est promis, je vais faire le plus vite possible. Mais, toi, fais attention.

 

COQUELET. - Ne t'inquiète pas, je n'ouvrirai notre porte à personne.

 

(Le coq disparaît dans la maison. Chatounet, la hache sur le dos, sort en direction de la forêt).

 

CHATOUNET, chantant sur l'air de « Malbrough s'en va-t-en guerre ». -

Je vais sur la montagne, mironton, mironton, mirontaine,

Je vais sur la montagne,

Du bois, je vais couper (ter).

 

Coq n'a peur de personne, mironton, mironton, mirontaine,

Coq n'a peur de personne,

Pourtant, je suis inquiet (ter).

 

Miaou miaou miaou, mironton, mironton, mirontaine,

Miaou miaou miaou,

Miaou miaou miaou (ter).

 

(Renardette entre sur scène à partir de l'arbre et se dirige vers la maison du Chat et du Coq).

 

RENARDETTE, chantant sur l'air de « Ah vous dirais-je maman ? ». -

Moi, j'aime bien les poulets

Et j'adore les cuisiner,

Au four ou à la cass'role,

Leur bon goût me rendra folle ;

Moi, j'aime bien les poulets

Et j'adore les cuisiner.

(Parlé). Ce chat m'a l'air bien stupide. Il chante quand il s'en va. Autant le crier à la cantonade. Bien ! Bien ! Chante, mon petit chat, le poulet sera à moi.

(Renardette arrive devant la maison et frappe à la porte).

 

RENARDETTE. - Toc Toc ! Ouvrez, ouvrez, viens rencontrer ton invitée ! J'ai eu du mal à trouver ta maison, mais j'ai des cadeaux plein les bras. Ouvre la porte, mon Coquelet, Renardette est venue pour te rendre une visite de politesse.

 

voix de COQUELET. - Cocorico ! Invitée, vous dites ? Invitée par quoi ? Invitée par qui ? Je ne me souviens pas vous avoir invitée à me rendre visite.

 

RENARDETTE. - Comment ? Tu n'es pas au courant ? C'est ton ami, le chat, qui m'a dit de venir prendre le thé. Je l'ai rencontré pas plus tard qu'hier.

 

voix de COQUELET. - Il vient de partir à l'instant. Il m'a ordonné de n'ouvrir à personne.

 

RENARDETTE. - Et il a bien fait ! Il y a ici beaucoup de brigands qui ne feraient qu'une bouchée d'un joli Coquelet dans ton genre. Je vais m'asseoir ici, devant la maison, et je vais l'attendre avec toi. (À part) Je vais sortir mon peigne magique et chanter ma petite chanson. (Elle chante sur l'air de « Au clair de la lune »).

Joli petit coq,

J'ai un peigne en bois ;

Ouvre-moi ta porte,

Je t'offre un p'tit pois.

(Parlé) Coquelet, joli Coquelet, tiens, regarde par la fenêtre, je t'offre un petit pois !

 

(Le coq regarde par la fenêtre, Renardette l'attrape et court vers la forêt).

 

COQ, criant. - Cocorico ! Cocorico ! Le renard m'emporte ! Il va m'emporter dans la forêt profonde, sur la plus haute montagne, au-delà du large fleuve et là, il en sera fait de moi ! Chatounet, Chatounet, mon ami, où es-tu, réponds-moi ! Ton ami Coquelet a besoin de toi !

 

(Chatounet arrive de la forêt. Il se jette sur Renardette qui lâche Coquelet et s'enfuit côté bois).

 

CHATOUNET, criant vers Renardette. - Reviens ici, Renarde, voleuse à longue queue ! Reviens ici que je te morde et que je te griffe avec mes pattes griffues ! (Doucement, à Coquelet). Coquelet, mon pauvre ami, pourquoi m'as-tu désobéi ? Si je n'étais pas sur le point de rentrer, que te serait-il arrivé ? Pourquoi as-tu laissé la Renarde entrer dans la maison ?


COQUELET, penaud. - Mais, mon ami, je n'ai pas laissé la méchante femme entrer dans la maison, j'ai juste regardé par la fenêtre. Avant de dire quoi, avant de dire où, elle m'avait attrapé par le cou !

 

CHATOUNET. - Eh oui, mon pauvre ami, c'est Renardette, et elle est futée. On la dit même un peu sorcière... Si je n'étais pas revenu, elle t'aurait plumé et préparé à la cuisine pour régaler ses petits. Promets-moi de ne pas ouvrir la fenêtre. Promets-moi, Coquelet, de ne même pas lui parler. J'ai bien peur qu'elle réussisse encore à t'entortiller. Je dois aller dans la forêt, pour cueillir des jeunes saules et me faire un panier. Ferme bien la porte !

 

(Coquelet et Chatounet entrent dans la maison. Chatounet, la hache sur le dos, en ressort et prend la direction de la forêt).

 

CHATOUNET. - Je ne suis pas rassuré. J'ai peur de laisser Coquelet seul à la maison ! Il est tellement naïf. Enfin, je vais faire vite. (Il sort).

 

(Renardette entre immédiatement sur scène. Elle arrive à la maison et frappe à la porte).

 

RENARDETTE, suave. - Coquelet, Coquelet, écoute-moi ! (À part) Je vais sortir mon peigne magique et chanter ma petite chanson. (Elle chante sur l'air de « Au clair de la lune »).

Joli petit coq,

J'ai un peigne en bois ;

Ouvre-moi ta porte,

Je t'offre un petit pois.

(Parlé) Coquelet, joli Coquelet, tiens, regarde par la fenêtre, je t'offre un petit pois !

 

COQUELET. - … (silence).

 

RENARDETTE. - Coquelet, ne me dis pas que tu es fâché contre moi après ce qui s'est passé, ce n'était qu'un malentendu. Regarde par la fenêtre, je te donne un petit pois ! De plus, rien que pour toi, je suis allée au marché et je t'ai acheté un grain de blé.

 

COQUELET. - … (silence).

 

RENARDETTE. - Coquelet, Coquelet, si je t'ai fait peur tout à l'heure, je te demande de bien vouloir m'en excuser : ce n'était pas volontaire. Regarde par la fenêtre, mon ami. Regarde au moins un peu !

 

voix de COQUELET. - Non, tu ne me tromperas pas ! Chatounet m'a parlé de toi, Renardette. Il m'a bien dit que les bêtes comme toi mangent les bêtes comme moi !


RENARDETTE. - Quel menteur, ton ami ! Pourquoi voudrais-je te manger ? Je t'aime beaucoup trop pour te faire ça ! J'aime ton chant, tes couleurs, ta jolie crête rouge... Coquelet, n'écoute pas le chat, il ne disait pas la vérité ! Accompagne-moi dans ma maison et viens voir par toi-même comment je vis avec mes enfants, de quoi je me nourris vraiment. Tu seras vraiment comme un coq en pâte, je t'apprendrai à chanter comme un rossignol et à être beau comme un paon !

 

(Le coq regarde par la fenêtre, Renardette l'attrape et court vers la forêt).

 

COQ, criant. - Cocorico ! Cocorico ! Le renard m'emporte ! Il va m'emporter dans la forêt profonde, sur la plus haute montagne, au-delà du large fleuve et là, il en sera fait de moi ! Chatounet, Chatounet, mon ami, où es-tu, réponds-moi ! Ton ami Coquelet a besoin de toi !

 

(Chatounet arrive de la forêt. Il se jette sur Renardette qui lâche Coquelet et s'enfuit côté bois).

 

CHATOUNET, criant à l'adresse de Renardette. - Toi encore, la renarde menteuse voleuse à longue queue ?! Attends un peu que je t'attrape ! Je vais me faire des bottes en fourrure de renard ! Viens ici, je t'attends !

 

(Le chat soulève Coquelet et rentre à la maison avec lui).

 

CHATOUNET. - Coquelet, tu es incorrigible. Ne t'ai-je pas dit de ne pas t'approcher de la fenêtre ? N'aide pas la Renarde à t'attraper. Garde la maison bien fermée et assieds-toi loin de la fenêtre. Ne crois pas Renardette, c'est une menteuse. Elle est rusée, ne lui parle pas et n'attends pas du bien d'elle. J'ai peur, Coquelet, je dois partir assez loin cette fois : au village, pour acheter du grain. Reste sans bouger, même si ce n'est pas facile, et reste loin de la fenêtre !

 

(Le coq entre dans la maison).

 

CHATOUNET. - Je ne peux pas me permettre de traîner, je dois revenir le plus tôt possible. C'est ça, je vais courir ; je ne peux pas le laisser seul trop longtemps !

 

(Le chat sort par la forêt. Renardette arrive et s'approche de la maison).

 

RENARDETTE, suave. - Coquelet, joli Coquelet, je sais que tu es là. J'ai plein de cadeaux pour toi. (À part) Je vais sortir mon peigne magique et chanter ma petite chanson. (Elle chante sur l'air de « Au clair de la lune »).

Joli petit coq,

J'ai ici, pour toi,

Du blé et des graines,

Du beurre et des pois

Ouvre-moi ta porte,

Viens voir tes cadeaux

Je suis ta marraine,

Tu es le plus beau.

(Parlé) Coquelet, joli Coquelet, tiens, regarde par la fenêtre, je t'offre plein de cadeaux !


(Coquelet ne répond pas et ne regarde pas dehors).

 

RENARDETTE, suave. - Coquelet, Coquelet, joli Coquelet. Viens me rendre une petite visite, j'ai une jolie maison. Il y a du grain à revendre et une jolie litière de paille qui n'attend que toi. Regarde par la fenêtre ; regarde au moins un petit peu !

 

voix de COQUELET. - Non, tu ne me tromperas pas ! Je sais à quel point tu es rusée. Je vais te parler et toi, tu m'emporteras dans ta cuisine pour me manger !

 

RENARDETTE, suave. - Je me tais, mon cher Coquelet, puisque c'est toi qui me le demandes. Ah, je suis victime de mensonges ! Tu es la plus belle chose que j'ai jamais vue dans ce monde et je t'aime plus que tout ! Si j'avais voulu te manger, je t'aurais mangé il y a longtemps. Je me suis sauvée parce que le chat me fait peur. Au fait, Coquelet, es-tu encore vivant ?

 

voix de COQUELET. - Cororico ! Cocorico ! Je suis vivant !

 

RENARDETTE. - Bon, puisque c'est comme ça, je m'en vais. Adieu, joli Coquelet. Je rentre à la maison. Regarde, je suis déjà loin.

 

(Renardette recule un peu. Coquelet regarde par la fenêtre, Renardette l'attrape et court vers la forêt).

 

COQ, criant. - Cocorico ! Cocorico ! Le renard m'emporte ! Il va m'emporter dans la forêt profonde, sur la plus haute montagne, au-delà du large fleuve et là, il en sera fait de moi ! Chatounet, Chatounet, mon ami, où es-tu, réponds-moi ! Ton ami Coquelet a besoin de toi !

 

RENARDETTE. - Chante, mon Coquelet, chante autant que tu voudras. Le chat ne t'entendra pas. Il est trop loin. Comme j'ai brouillé les pistes, il ne pourra jamais te retrouver. Il ne viendra jamais !

 

COQ, criant. - Cocorico ! Cocorico ! Le renard m'emporte ! Le renard m'emporte !

 

(Renardette, emportant Coquelet, sort de scène. Chatounet arrive devant la maison).



 



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