THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

UN SAUVETAGE
 


Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot

1907


pièce de theatre marionnettes libre de droits Mme Girardot
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568467w.r=Th%C3%A9%C3%A2tre+et+marionnettes+pour+les+petits%2C+par+Mme+Girardot.langFR


PERSONNAGES :

MARCEL. — PIERROT. - TROIS-PATTES. — MAMAN DE PIERROT


ACCESSOIRES :

Une poupée. — Un chien boiteux. — Une ligne. — Poisson en papier argenté. — (Installer le pêcheur sur une boîte de façon à ce qu'il tombe de haut.)

 


MARCEL, arrivant en courant. — Bonjour, Pierrot.


PIERROT, de sa fenêtre. — Bonjour, Marcel, tu t'es levé de bon matin. Où vas-tu avec cette ligne sur l'épaule ?


MARCEL. — Je vais pêcher, je veux apporter du poisson à maman pour le dîner.


PIERROT. — Ta mère n'aime pas à te savoir au bord de la rivière ; tu n'es pas assez raisonnable.


MARCEL. — Il y a beaucoup de pêcheurs, je ne serai pas tout seul ; et puis, je ne m'approcherai pas jusqu'au bord.


PIERROT. — Si tu reviens mouillé, tu seras puni, bien sûr !


MARCEL. — Non, non, sois tranquille. Au revoir !

     (Il sort.)

MARCEL s'installe pour pêcher, il jette sa ligne. — Voilà une bonne place. J'aperçois des goujons, attention !... Ça mord... (Il tire sa ligne, un poisson est pris.) En voilà un ! Tralala, j'en ai pris un !... Quelle friture j'emporterai ! Comme maman va être contente !... J'en vois un gros là-bas, si je pouvais le prendre (Il jette sa ligne.) C'est trop loin, ma ligne n'est pas assez longue... Comment faire ?... En montant sur cette pierre, je peux m'avancer... Oui, mais je vais me mouiller les pieds... Ah ! tant pis... (Il s'avance et se met à pêcher.) Bon,voilà Pierrot qui vient avec son chien, il va me déranger.


PIERROT, arrivant. — Eh bien, Marcel ? Est-ce que ça mord ?


MARCEL. — Oui, oui, j'en ai déjà pris un.

 


PIERROT. — Mais tu vas tomber sur cette pierre, et tu sais, à cet endroit-là, c'est dangereux.


MARCEL. — Tais-toi donc ; tu fais sauver le poisson.


PIERROT. — Je t'avertis ; s'il t'arrive malheur, ce sera ta faute.


MARCEL, se retournant brusquement. — Va-t-en, tu causes trop.

     (Il glisse et tombe à l'eau.)


PIERROT, levant les bras. — Oh !... Je l'avais bien dit... (Il court en gesticulant.) Au secours ! au secours ! il va se noyer. Mon Dieu, personne pour m'aider !... si j'entre dans l'eau, je suis bien sûr d'y rester aussi.


MARCEL. — Au secours ! au secours !


PIERROT. — Où donc est Trois-Pattes... Pstt ! Pstt ? Trois-Pattes, arrive, arrive ; mon vieux, vite à l'eau !

     (Trois-Pattes arrive en courant se jette sur Marcel.)


PIERROT. — Tiens bon, à nous deux ! (Il le soulève par sa blouse et le met sur son épaule.) Enfin, le voilà !... Il ne bouge plus. On dirait qu'il est mort... Je vais l'emporter chez nous ; sa maman serait trop désolée si elle le voyait rentrer comme ça sur mon épaule. Hé ! Marcel ! (Il le secoue.)... Voyons, remets-toi, réponds-moi... (Il part en courant.) Ouf ! je n'en pouvais plus. (Il dépose Marcel sur un lit.)


MAMAN, accourant. — Misère ! Qu'est-ce qui arrive ?


PIERROT. — Marcel est tombé dans la rivière, et je l'ai retiré comme j'ai pu. Trois-Pattes m'a joliment aidé, c'est lui qui s'est jeté à l'eau.


MAMAN, l'embrassant. — Mon pauvre Pierrot, tu es un brave garçon, très courageux. Vite, dépêchons-nous de le soigner.


PIERROT. — Il n'est pas mort, j'espère


MAMAN. — Non, heureusement, le voilà qui ouvre les yeux. Comment vas-tu, mon petit ?

MARCEL. — Je voudrais... maman... Je suis bien malade.

MAMAN. — Tu la verras bientôt ta maman quand tu pourras te lever. La pauvre femme aurait trop de chagrin si elle te voyait sur ce lit. Pierrot ira lui dire que tu es venu déjeuner avec nous ; pendant ce temps tu vas te remettre un peu et ton linge séchera.


MARCEL. — Je voudrais... maman... tout de suite.


MAMAN. — Tout à l'heure tu ne pensais qu'à moitié à ta mère ; en allant pêcher, tu pensais surtout à ton plaisir, car je sais qu'elle te défend d'aller à la rivière tout seul. Tu aurais pu te noyer et elle ne t'aurait jamais revu, ta maman. Ne penses-tu pas qu'un enfant obéissant lui serait plus agréable que toutes les fritures du monde. Elles ne sont pas heureuses les mamans qui ont des enfants désobéissants.


MARCEL. — Je regrette beaucoup, Madame.


MAMAN. — C'est bien ; mais il faut mieux réfléchir une autre fois ; ça ne sert à rien de regretter quand on recommence à mal faire.


PIERROT. — Hein, mon vieux, tu as bu un bon coup !... Il doit avoir eu peur, ton gros poisson. Tu peux remercier Trois-Pattes ; sans lui tu serais toujours dans la rivière.


MAMAN. — Trois-Pattes est un bon chien ; ne lui faites jamais de misères ; il mérite qu'on l'aime, c'est un ami.


PIERROT. — Oh, maman, tu sais bien que je ne fais jamais de mal aux bêtes.


MAMAN — C'est vrai, mon Pierrot, tu es un bon garçon. Aujourd'hui tu t'es conduit comme un homme. Je suis fière de toi ; embrasse-moi encore.


RIDEAU

 




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