(…) Il nous faut des petites poupées ordinaires, vêtues d'une robe longue et large sous laquelle les doigts se dissimulent, ou même de simples figures détachées de catalogues et collées sur carton.
Afin de pouvoir les ranger debout, ou bien les faire asseoir, elles auront un corps flexible ; point n'est besoin de jambes.
On les costume suivant le rôle qu'elles doivent remplir ; les maîtresses ingénieuses pourront même créer des costumes originaux qui, à eux seuls, auront un grand succès.
Les représentations n'exigent pas un matériel très compliqué, une table ordinaire suffit.
La maîtresse place dans une boîte, à côté d'elle, ou bien dans le tiroir de la table, les personnages dont elle aura besoin au fur et à mesure ; elle dispose ses accessoires : ici un petit lit, un guéridon, là une table, une chaise, etc. Si elle ne possède pas les objets nécessaires, elle les remplace par des objets en papier plié, voire même par des gravures découpées ici ou là et collées sur carton.
Lorsque tout est préparé, elle s'installe devant sa table, expose en quelques mots le sujet, et fait évoluer ses acteurs.
Par exemple, il importe que le jeu soit vif et animé, que les réparties soient promptes.
PERSONNAGES ET ACCESSOIRES EN CARTON
Les maîtresses ne disposant pas toujours d'un crédit suffisant pour se procurer les jouets nécessaires dans le courant de l'année, il serait peut-être difficile d'acquérir les personnages et accessoires qu'exigent les petites représentations théâtrales.
Qu'à cela ne tienne : leur fabrication est des plus simples.
Tout le monde a des journaux illustrés, des catalogues de grands magasins. A-t-on besoin d'une petite fille, d'un petit garçon, d'une maman ? On choisit parmi les gravures une physionomie et un costume à peu près semblables à ceux du personnage en question. On colle l'image détachée sur un morceau de carton, puis on découpe proprement. La gravure ayant acquis ainsi une certaine fermeté, on la colle à nouveau sur un cube ou une briquette pour la maintenir debout et la faire circuler aisément sur la table.
Même procédé pour les animaux, meubles et ustensiles qui doivent figurer dans une scène.
Une collection de ce genre est bien vite formée et elle peut servir non seulement pour les représentations théâtrales, mais pour animer les leçons communes : historiettes morales, causeries, etc.
Une poupée détachée d'un catalogue et préparée de la sorte est d'un très joli effet, surtout quand on prend le soin de la colorier.
(On pourra utiliser les illustrations données avec les textes -même si celles-ci ne correspondent pas toujours à l'histoire. Elles sont de Fernand FAU, dont on peut trouver d'autres réalisations sur Gallica. NOTE DU WEBMESTRE.)
THÉÂTRE SCOLAIRE
Quand on possède un théâtre on l'installe au préau ou bien dans la salle de leçons communes. Tous les enfants sont réunis ; si les tout petits ne comprennent pas très bien encore, ils s'amusent du moins à voir gesticuler les marionnettes. Une représentation générale par semaine est suffisante, elle devient une récompense.
Dans les écoles à plusieurs classes, les maîtresses peuvent se succéder au théâtre et apprendre chacune deux ou trois scènes. On simplifie la tâche et on y gagne parce que chaque maîtresse apporte là son ingéniosité, son entrain, ses aptitudes particulières.
En classe, il est bon de faire résumer la scène et apprécier les personnages ; on voit si l'enfant a compris et surtout comment il juge.
Mais, comme nous l'avons dit en premier lieu, la possession d'un théâtre n'est nullement obligatoire. L'essentiel c'est de faire aller et venir, parler et gesticuler, devant les petits spectateurs, des personnages intéressants qui, sans en avoir l'air, enseignent une foule de choses.
La simplicité du matériel a ce double avantage de rendre les représentations plus familières, comme aussi plus fréquentes, et d'amuser nos petits. (...)
(...) Nous avons cru nécessaire de faire revenir souvent sur la scène les mêmes acteurs, afin que les enfants se familiarisent avec eux, apprécient leurs qualités, connaissent aussi leurs petits travers, et accueillent ces marionnettes comme de vieilles connaissances toujours sympathiques.
Ainsi, on joue Poivre et Tabac :
La maîtresse, munie des six poupées qu'elle dissimule soigneusement en attendant le moment de leur entrée en scène, prépare sa table.
À droite, une boîte renversée supporte des balances et quelques échantillons d'épicerie ; la marchande est assise devant son comptoir.
À gauche, même installation pour le buraliste, à cela près que le pain de sucre, la barre de savon, etc., sont remplacés par des pots de tabac.
Ces deux braves commerçants attendent leurs pratiques.
La représentation va commencer, la maîtresse explique :
« Pierrette est une petite fille bien gentille, mais malheureusement très étourdie ; elle n'écoute pas assez les recommandations de sa maman et fait les commissions tout de travers. C'est fort désagréable, car elle cause beaucoup d'ennuis à ses parents qui sont obligés de la punir.
Vous allez voir ce qui lui arrive cette fois-ci. »
Un coup de sonnette. Tout le monde écoute et regarde.
Le papa de Pierrette entre en scène, appelle sa petite fille qui accourt...