PIERROT J'AI-LE-TEMPS
Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot
1907
PERSONNAGES
TANTE CLAUDINE. - PIERRETTE. - PIERROT
ACCESSOIRES
Trois poupées. — Une chaise et une table. — Un panier. — Une maison en carton ou une gravure.
TANTE CLAUDINE. — Ma petite Pierrette, j'ai des commissions à faire en ville, vous serez bien aimables, ton frère et toi, de venir m'aider à porter mon panier.
PIERRETTE. — Oui, ma tante, nous irons.
TANTE CLAUDINE. — Venez à quatre heures, pas plus tard, car je suis obligée de partir à quatre heures juste.
PIERRETTE. — Bien, ma tante, nous arriverons sûrement avant quatre heures.
TANTE CLAUDINE. — Je vous attendrai ; au revoir, mignonne.
(Elle l'embrasse et sort.)
PIERRETTE, seule. — Il faut que j'aille prévenir Pierrot. Où est-il donc ?... Ah ! je sais, maman lui a permis d'aller regarder l'album dans sa chambre.
(Elle va le rejoindre. — Pierrot est assis devant une table et regarde des images.)
Apprête-toi, Pierrot, tante Claudine a besoin de nous pour faire ses commissions.
PIERROT . — Tout de suite ?
PIERRETTE. — Mais oui, parce qu'il faut que nous arrivions chez elle avant quatre heures.
PIERROT . — Eh bien, pars la première, moi j'ai le temps.
PIERRETTE. — J'ai le temps, j'ai le temps !... Tu dis toujours ça, et puis tu arrives en retard.
PIERROT. — Ne t'inquiète donc pas, j'ai de bonnes jambes (il se lève et fait de grands pas à travers la chambre), j'ai des bottes de sept lieues, ma petite Pierrette, j'arriverai encore avant toi.
PIERRETTE. — Nous verrons bien. (Elle sort.)
(Pierrette se dépêche et arrive seule chez tante Claudine.)
Bonsoir, ma tante.
ANTE CLAUDINE. — Bonsoir, ma chérie ; tu n'amènes pas ton frère ?
PIERRETTE. — Il doit venir cependant, mais il ne se pressait pas assez, alors je suis partie sans lui.
TANTE CLAUDINE. — Tu as bien fait. Nous n'avons pas de temps à perdre, tant pis pour ceux qui ne peuvent pas arriver à l'heure. Prends le panier, Pierrette, nous partons.
(Pierrette prend le panier à provisions et elles sortent.)
PIERROT, arrivant en courant. — Toc, toc, toc ! Personne ! Est-ce qu'elles sont déjà parties ? Toc, toc, toc !...
(Il regarde autour de la maison.)
Pourtant je me suis dépêché... Vrai, c'est ennuyeux ! Tante Claudine sera fâchée. Si je savais par où elles sont passées... Je les attendrais bien, mais si elles me trouvent là, elles vont se mettre à rire en disant que je suis venu monter la garde à la porte. J'aurais mieux fait de suivre ma sœur, je suis parti trop tard.
(Il s'en retourne.)
(Tante Claudine et Pierrette reviennent avec leur panier plein de provisions.)
ANTE CLAUDINE. — Je suis sûre qu'il est venu.
PIERRETTE. — Oh ! oui, ma tante, et quand je lui dirai tout ce que nous avons fait !
ANTE CLAUDINE. — Eh bien, ce sera une leçon pour lui ; une autre fois il se pressera davantage. Je te remercie, ma petite Pierrette, tu peux rentrer chez toi.
(Pierrette embrasse sa tante et s'en va.)
(Pierrot attend sa sœur sur la route.)
PIERRETTE, l'apercevant. — Ah ! Monsieur J'ai-le-Temps, où sont donc vos bottes de sept lieues ?...
PIERROT. — Méchante !... j'ai assez couru pour te rattraper.
PIERRETTE. — Tu vois bien que ça ne suffit pas toujours de courir. Quel dommage que tu ne sois point venu avec nous, tu te serais joliment amusé !... Tante Claudine m'a fait monter sur les chevaux de bois et ils allaient vite, vite comme le vent...
PIERROT. — Oh ! Moi qui aime tant ça !
PIERRETTE. — Puis nous sommes entrées chez un pâtissier, nous avons mangé de bons gâteaux.
PIERROT. — Ah !... je regrette bien.
PIERRETTE. — Qu'est-ce que tu dirais si je t'avais gardé ta part ?
PIERROT. — 0h, ma petite Pierrette !
(Pierrette sort un gâteau de sa poche.)
PIERRETTE. — Tiens, va, ça me faisait de la peine d'en manger sans toi.
PIERROT, l'embrassant. — Que tu es gentille !
PIERRETTE. — Tante Claudine ne voulait pas que j'en mette un dans ma poche.
PIERROT. — Elle est donc bien mécontente ?
PIERRETTE. — Non, mais elle tient à te punir un peu quand même. Si tu ne veux pas qu'elle t'appelle Pierrot J'ai-le-Temps, presse-toi quand elle t'attendra pour faire ses commissions.
PIERROT, mangeant son gâteau. — Oui, oui, sois tranquille. Ah ! le bon gâteau ! le bon gâteau ! Il faut que je t'embrasse encore, ma Pierrette. (Il l'embrasse.)
RIDEAU