THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

MARCELINE LA DOUILLETTE


Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot

1907



http://http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568467w.r=Th%C3%A9%C3%A2tre+et+marionnettes+pour+les+petits%2C+par+Mme+Girardot.langFR

PERSONNAGES
PIERRETTE. - MARCELINE. — PIERROT. — MAMAN DE MARCELINE

ACCESSOIRES

Cinq poupées dont une représentant Pierrot déguisé. — Un lit.
Un petit bonnet de nuit imitant le bonnet de papa



PIERRETTE, entrant. — Viens-tu à l'école, Marceline ?... Comment, tu n'es pas encore levée ? Nous allons être en retard, dépêche-toi !...

MARCELINE, dans son lit. — Je n'y vais pas aujourd'hui, je suis malade.

PIERRETTE. — Ah ! tu es malade, ma pauvre Marceline ?

MARCELINE, d'une voix dolente. — Oui, j'ai bien mal à la tête ! Vois quelle grosse bosse j'ai sur mon front !


PIERRETTE, sortant et rejoignant Pierrot. — Marceline est malade, tu sais qu'elle est tombée hier en jouant et qu'elle a tant pleuré ; elle n'ira pas à l'école aujourd'hui.

PIERROT. — Tiens, je m'en doutais.

PIERRETTE. — Tu t'en doutais ?...

PIERROT. — Oui, elle est si douillette et si paresseuse !

PIERRETTE. — C'est vrai qu'elle est bien douillette, elle pleure pour le moindre bobo.

PIERROT. — Sais-tu, Pierrette, j'ai envie de lui jouer un
tour ?... Oui, un bon tour ; nous allons rire. En rentrant de l'école, nous irons la voir, et nous lui demanderons si elle veut se promener avec nous. Je parie qu'elle ne sera plus malade !...

PIERRETTE, entrant avec Pierrot. — Bonsoir, Marceline ! À la bonne heure, te voilà levée ! Tu vas mieux ?

MARCELINE. — Oui, un peu, mais j'ai toujours mal à la tête ; maman m'a mis un bandeau, tu vois.

PIERROT. — Quel ennui ! ma pauvre Marceline, nous venions te chercher pour aller voir les jolis petits lapins de grand-mère.

MARCELINE. — J'irai tout de même, je ne suis plus aussi malade que ce matin.

LA MAMAN DE MARCELINE, entrant. — Non pas, tu pourrais prendre froid. Je te défends de sortir.

MARCELINE, arrachant son bandeau. — Je ne suis plus malade.

LA MAMAN. — Mademoiselle, je vais vous remettre au lit.

MARCELINE, pleurant. — Hi, hi, hi, hi ! moi, je veux me promener, je m'ennuie !

PIERROT. — Allons, Marceline, ne pleure pas ; nous irons un autre jour. Il faut soigner ton mal, pour guérir bien vite. Madame, envoyez donc chercher le médecin. (Pierrot et la maman sortent.)

LA MAMAN. — Cette petite devient paresseuse, et pour une chiquenaude elle a l'air malade à mourir. J'en suis désolée, car elle n'apprend rien à l'école. Ce matin, je la croyais très souffrante, et à midi elle n'y pensait déjà plus.

PIERROT. — Si je lui jouais un petit tour ?...

LA MAMAN. — Tu ferais bien, mon garçon. Et je souhaite que tu la corriges.

PIERROT. — Bon ! Je vais mettre un vieil habit, un grand chapeau et des lunettes ; puis, vous direz que je suis le médecin.

(Il sort.)

PIERROT, déguisé. — Toc, toc !

LA MAMAN. — C'est le médecin. Entrez !

PIERROT, avec une grosse voix. — Bonjour, madame ; bonjour, mesdemoiselles. Laquelle de ces jeunes filles est malade ?

LA MAMAN. — Celle-ci, monsieur. Elle se plaint d'un grand mal de tête.

PIERROT. — Voyons votre pouls, mon enfant... Montrez la langue.

MARCELINE. — Heu ! heu !

PIERROT. — Cette enfant est malade, bien malade.

LA MAMAN. — Oh ! tant que cela, monsieur le docteur ?

PIERROT. — Hélas ! oui, madame. (Il touche la tête, l'incline à droite et à gauche.) Cette pauvre tête !... Comme elle remue !... Elle n'est pas solide... On dirait qu'elle va tomber. Ah ! mon Dieu, je ne vois qu'une chose à faire, mais c'est bien désagréable...

LA MAMAN. — Vous me faites peur.

MARCELINE, criant. — Laissez-moi. Je ne suis plus malade.

PIERROT. — Si, mon enfant, il faut qu'on vous soigne.

LA MAMAN. — Enfin, monsieur, dites-nous ce que vous allez faire.

PIERROT. — Madame, il faut que la tête de votre petite fille soit bien enveloppée pendant huit jours ; apportez-moi le bonnet de nuit de son papa.

LA MAMAN, apportant le bonnet. — Voilà, monsieur.

MARCELINE. — Non, non, je ne veux pas. Je n'ai plus mal.

PIERROT. — Voyons, voyons, petite fille, soyez raisonnable ! (Il lui met le bonnet.) Et surtout qu'on ne l'enlève pas avant que je revienne.

MARCELINE. — Lâchez-moi, lâchez-moi ! Je n'ai pas mal à la tête. Je ne serai plus douillette et je vais aller tous les jours à l'école... Maman, je t'en prie renvoie ce Monsieur ; il me fait peur !...

PIERROT, sortant. — Je m'en vais, je m'en vais ; seulement, tâchez de n'avoir plus besoin de moi.

MARCELINE, embrassant sa maman. — Je ne recommencerai pas maman, je te le promets. Est-ce qu'il est parti, le vilain
docteur ? Enlève-moi ce bonnet, j'ai trop honte.

PIERRETTE, riant. — Ah ! Ah ! Ah ! que tu es drôle ! Va te regarder un peu dans la glace.


LA MAMAN. — Allons, je vais l'enlever, console-toi. Une autre fois, tu tâcheras de ne plus être aussi douillette, si tu ne veux pas que tout le monde se moque de toi.



RIDEAU





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