LES TAQUINERIES DE MARCEL
Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot
1907
PERSONNAGES :
MARCEL. - TROIS-PATTES. - PIERROT. — MARCELINE. - MAMAN DE MARCEL
ACCESSOIRES :
Quatre poupées. — Un chien. — Une table et une chaise. — Un rideau ou un meuble quelconque derrière lequel Marcel se cachera.
MARCEL, se promenant. — Tiens, voilà Trois-Pattes !... Qu'est-ce que tu fais par ici, vieux toutou ?... Pstt ! Pstt !... (Le chien ne bouge pas.)
(Marcel s'approche et lui tire la queue.)
TROIS-PATTES. — Houa ! Houa ! Houa !
MARCEL. — À la bonne heure ! On dit bonjour à ses amis.
(Il lui tire toujours la queue.)
TROIS-PATTES. — Houa ! Houa ! Houa !
MARCEL. — Ah ! tu veux me mordre ? Tu es de mauvaise humeur, attends un peu ! (Le chien s'élance et mord la main de Marcel.) Oh ! là, là !... Au secours !... Ce chien est enragé...
PIERROT, accourant. — Qu'est-ce que tu dis ?... Mon chien est enragé ? Une bête si tranquille, si douce !
MARCEL. — Tu crois ! il vient de me mordre.
PIERROT. — Montre-moi cette morsure.
MARCEL, tendant sa main. — Ici, vois ce coup de dent.
PIERROT. — Ce n'est pas grave. Et toi, qu'est-ce que tu lui as donc fait ?
MARCEL. — Oh ! presque rien.
PIERROT. — Presque rien, cela veut dire quelque chose tout de même.
MARCEL. — Je l'ai taquiné un peu... je lui ai tiré la queue pour rire.
PIERROT. — Ah ! Bon ; veux-tu que je te tire l'oreille pour rire, moi ?
(Pierrot lui prend l'oreille.)
MARCEL. — Ne te fâche pas, je viens te chercher pour jouer aux billes.
PIERROT. — Je ne jouerai pas avec toi aujourd'hui, tes taquineries me déplaisent.
MARCEL. — Alors, je m'en vais.
PIERROT. — Oui, tu fais bien, va-t-en.
(Pierrot lui tourne le dos.)
(Marcel rentre chez lui et voit sa sœur occupée à regarder des images ; elle est assise devant la table.)
MARCEL. — Si je lui faisais une niche ?...
(Il s'approche doucement derrière elle, lui tire les cheveux et se cache.)
MARCELINE, se retournant vivement. — Qui m'a tiré les cheveux ?... Personne... je me suis peut-être trompée.
(Marcel recommence.)
MARCELINE. — Enfin, c'est insupportable ! Voilà qu'on recommence ; qui donc est là ?... (Elle se lève et regarde de tous côtés.) Je n'y comprends rien. Mes cheveux se prennent sans doute dans le bouton de mon tablier. (Elle s'installe à nouveau.) (Marcel revient, tire très fort ; Marceline tombe à la renverse.) Patatras !...
MARCELINE, criant. — Maman ! Maman ! Maman !
MAMAN accourt et arrête Marcel qui se sauve. — Qu'est-ce que tu as fait, polisson ?
MARCEL, pleurant. — Hi, hi, hi, je ne l'ai pas fait exprès !... Hi, hi, hi...
MARCELINE. — Il m'a tiré les cheveux et je suis tombée.
MARCEL, pleurant toujours. — Hi, hi, hi... je... la... taquinais seulement.
MAMAN, sévère. — Eh bien, voilà des façons de s'amuser qui ne conviennent pas du tout, monsieur ! Votre sœur aurait pu se casser une jambe ou un bras. Allez vous mettre en pénitence. (Elle le conduit dans un coin.) Viens, Marceline, nous irons faire les commissions ensemble, il restera ici, tout seul.
MARCELINE, suppliante. — Maman, je t'en prie, pardonne-lui ! Je ne me suis pas fait bien mal. Il ne recommencera plus.
MAMAN. — C'est très bien, ce que tu me dis là, ma petite fille, je vois que tu as bon cœur, mais je désire corriger ton frère, car je sais qu'il est taquin.
MARCEL. — Je ne suis pas méchant... maman !
MAMAN. — Si, monsieur, on est méchant quand on prend plaisir à tourmenter les autres. Tu ne serais pas content que tes camarades te fassent des niches, j'espère ?... Eh bien, tu ne dois pas en faire aux autres non plus.
RIDEAU