THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

LE PETIT FRÈRE

Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot

1907



http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568467w.r=Th%C3%A9%C3%A2tre+et+marionnettes+pour+les+petits%2C+par+Mme+Girardot.langFR

 

PERSONNAGES
JEANNETTE. - PETIT-JEAN. - GRAND-MÈRE. - UN POUPON

ACCESSOIRES
Quatre poupées, dont un poupon au maillot.



Jeannette et Petit-Jean rentrent de l'école.



JEANNETTE. — Dépêchons-nous de rentrer à la maison ; papa nous a dit hier soir que notre petit frère devait arriver aujourd'hui. Ah ! quel bonheur ! comme je voudrais déjà l'embrasser !

PETIT-JEAN, sautant sur la route. — Moi aussi, moi aussi; allons vite !

JEANNETTE. — Tu sais, j'aimerais mieux une petite sœur, c'est plus mignon.

PETIT-JEAN. — Par exemple ! un garçon c'est bien plus gentil.

JEANNETTE. — Tu dis ça, toi, parce que tu es un garçon.

PETIT-JEAN. — Les filles pleurnichent pour rien, elles ont peur de tout. S'il passait une souris à côté de nous, tu ferais : (Il gesticule et saute de côté.) Hi ! Hi ! Oh ! là, là.

JEANNETTE. — Tais-toi donc ; les garçons se battent et déchirent leur culotte.

PETIT-JEAN. — Tant pis, ce sera un garçon.

JEANNETTE. — Non, ce sera une fille.

PETIT-JEAN, en colère, frappe du pied. — Moi, je veux un petit frère, na !

JEANNETTE, l'imitant. — Et moi, une petite sœur, na !

PETIT-JEAN. — C'est bon, va-t-en, je ne veux plus marcher à côté de toi.

JEANNETTE. — Eh bien, reste ; je serai arrivée la première pour embrasser ma petite sœur.

JEANNETTE, courant. — Tiens, tiens, voilà la neige qui tombe ! (simuler la neige avec des confettis blancs.) Heureusement que j'ai ma capuche ; et Petit-Jean qui a justement oublié son capuchon ! Je ne peux pourtant pas le laisser sur la route par ce temps-là ; retournons vite le chercher. (Jeannette revient auprès de Petit-Jean et l'enveloppe dans son manteau.) Tu boudes toujours ?... Allons, serre-toi tout contre moi, et nous aurons chaud ; tu vois la neige, il faut rentrer vivement à la maison.

PETIT-JEAN. — Ce sera un garçon, dis ?

JEANNETTE. — Mais oui, gros bêta ; si ce n'est pas une fille, ce sera bien sûr un garçon. Hop ! hop ! trottons. (Ils se mettent à courir, passent et repassent plusieurs fois sur la scène.)

PETIT-JEAN. — Nous voici arrivés, ce n'est pas trop tôt ; j'ai le nez gelé.

JEANNETTE. — J'entre la première ; chut ! S'il dort, ne le réveillons pas.


PETIT-JEAN. — Rien ne bouge. Est-ce que papa et maman seraient sortis ?...

JEANNETTE. — Non, il y a quelqu'un de l'autre côté ; j'entends causer. Écoute !... on vient.


PETIT-JEAN. — Ce n'est pas maman.


JEANNETTE. — C'est grand-mère.


LA VOIX DE GRAND-MÈRE, du dehors. — Vous êtes là, petits ?


JEANNETTE. — Oui, bonne maman, nous arrivons de l'école.


LA VOIX DE GRAND-MÈRE . — Bien, attendez-vous à une surprise.


PETIT-JEAN, battant des mains. — Ah !...


GRAND-MÈRE, entrant avec un poupon dans ses bras. — Bonsoir, mes chéris. Voulez-vous une belle poupée ?...


JEANNETTE et PETIT-JEAN, tendant les bras. — Oui, oui, grand-mère.


GRAND-MÈRE . — Je vous apporte un petit homme joli comme un amour.


PETIT-JEAN, dansant. — Je savais bien que ce serait un garçon, tra, la, la, traderidera. (Il embrasse le poupon.)


GRAND-MÈRE . — Tu ne dis rien, Jeannette.


PETIT-JEAN. — Elle n'est pas contente.


GRAND-MÈRE . — Comment, tu n'es pas contente ?


JEANNETTE. — Si, si, grand-mère, c'était pour taquiner Petit-Jean. Donne que j'embrasse le cher bébé. (Elle l'embrasse.) Veux-tu que je le prenne dans mes bras.


GRAND-MÈRE .— Prends, mignonne, mais ne le serre pas trop.


JEANNETTE. — Ah ! qu'il est joli, qu'il est joli ! (Elle le berce en chantant.)
Dodo, l'enfant do
L'enfant dormira bientôt
Dodo, l'enfant do.


GRAND-MÈRE . — Vous l'aimerez bien, n'est-ce pas ?


JEANNETTE. — Oh ! oui, je serai sa petite maman.


PETIT-JEAN. — Nous le bercerons, nous lui chanterons les rondes qu'on nous apprend à l'école.


JEANNETTE. — Je lui ferai manger sa bouillie.


GRAND-MÈRE . — Très bien, mes enfants. Votre pauvre mère aura beaucoup de peine avec vous trois ; mais elle sera heureuse si vous vous aimez. À propos, ne serez-vous point jaloux quand elle fera risette au mignon ?


JEANNETTE. — Jamais, grand-mère ! Il est le plus petit, on doit le gâter un peu.


GRAND-MÈRE . — C'est vrai ; quand vous étiez comme lui, on vous en a fait autant. Plus tard, il vous rendra vos caresses et vous serez tout fiers de le voir grandir.


PETIT-JEAN. — Je l'emmènerai à l'école et je le défendrai si on lui fait mal.


JEANNETTE. — Moi, je lui apprendrai à lire.


GRAND-MÈRE . — Allons, vous êtes de bons enfants ; embrassez-moi. (Elle les embrasse.) Mais voilà notre poupon qui serre ses petits poings, il dort ; courez préparer son berceau. (Jeannette et Petit-Jean sortent.)


GRAND-MÈRE, seule. — Dors, mon petit homme ; tu as un frère et une sœur qui veilleront sur toi. (Elle le berce.)
Dodo, l'enfant do
L'enfant dormira bientôt
Dodo, l'enfant do.


 

RIDEAU





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