LE BRIGAND DE LA FORÊT
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9608273/f12.item
COMÉDIE EN UN ACTE
à représenter sur le grand théâtre des Belles Images
BANDISTA, brigand.
BONVIN, marchand de vin en gros.
SANZO, associé de Bonvin.
PANDORE, gendarme
GÉROMÉ, gendarme.
(Bonvin et Sanzo sortent de la coulisse de gauche ; ils se sont égarés dans la forêt).
BONVIN. - Mon ami, ça y est, nous voilà perdus, comme deux aiguilles dans une botte de foin ; impossible de retrouver son chemin dans cette maudite forêt.
SANZO. - Et le plus affreux de l'aventure, c'est de savoir que ces bois profonds abritent de terribles brigands !
BONVIN. - Des brigands ! Vous dites des brigands !!! Oh ! je sens mes pauvres jambes qui flageolent !...
SANZO. - Ne flageolez pas, ami, prenez plutôt votre courage à deux mains. Sachez que, dernièrement, l'on m'a raconté que ces drôles ont fait cuire et mis en conserve dans des pots, oui dans des pots en grès, deux voyageurs anglais qui se promenaient ici même, dans cette forêt !
BONVIN. - Malheureux ! ne dites pas de pareilles choses, songez que votre voix, que le simple écho de votre voix, sous ces futaies et dans les rochers, peut attirer vers nous les dangereux habitants de ces parages ! Malheureux ! Taisez-vous !!! (Bandista, le brigand, sort de la coulisse de droite).
BANDISTA, d'une voix terrible. - La bourse ou la vie, messieurs.
SANZO. - Ça y est, nous sommes pincés. Oh ! quel vilain bonhomme ! C'est lui qui a mis les anglais en conserve, pour sûr ; il a une tête à ça !
BONVIN. - Oh ! la terrible binette ! Espingole, pistolets et poignards, l'animal est armé jusqu'aux dents ! Qu'y a-t-il pour votre service, mon bon monsieur ?
BANDISTA. - Drôle ! je veux ton argent !
BONVIN. - Monseigneur, apprenez que nous n'avons nul argent en poche pour le moment. Je m'appelle Bonvin et suis marchand de vin en gros ; monsieur que voici est mon associé ; il s'appelle Sanzo. En somme, les deux chefs de la maison Bonvin-Sanzo, pour vous servir. Nous traversions cette forêt dans laquelle nous nous sommes égarés et où nous avons eu le réel plaisir de faire votre connaissance.
BANDISTA, leur coupant la parole. - Assez ! Vous êtes marchands de vin, c'est une chose entendue. Eh bien ! moi je désire du vin, et du bon. Toi, Sanzo, je te laisse libre, mais je garde prisonnier ton associé Bonvin. Je lui rendrai la liberté seulement lorsque tu m'auras rapporté une bonne barrique de vin. Tu viendras seul, tu m’entends, seul et sans arme, avec ta barrique. Sinon, je fais passer de vie à trépas ton vilain ami Bonvin. Tu as entendu et compris, n'est-ce pas ?
SANZO. - Oui, Grandissime Excellence.
BANDISTA. - Va-t-en ; allons, oust... prends ce chemin, là. (Sanzo disparaît dans la coulisse de gauche).
BANDISTA, s'adressant à Bonvin. - Toi, mauvais drôle, entre ici, dans cette caverne. (Il le pousse dans la coulisse de droite). Promenons-nous ici en attendant l'arrivée de la barrique. (Il se promène).
(Au bout d'un instant Sanzo et la barrique apparaissent sortant de la coulisse de gauche).
SANZO. - Seigneur sérénissime, voici votre vin.
BANDISTA, appelant Bonvin qui sort de la coulisse de droite. - Hors d'ici, manant ! Toi et ton espèce d'associé, vous êtes libres ! partez !
SANZO et BONVIN, en chœur. - Merci de votre générosité, Éminente Altesse.
(À ce moment, les gendarmes Pandore et Géromé surgissent de la barrique et arrêtent Bandista).
BANDISTA. - Grands saints du paradis, c'en est fait de moi ; je suis coffré !
LE GENDARME PANDORE. - Dans le tonneau, gredin ! Dans le tonneau !
(Ils mettent Bandista dans le tonneau. - Tous disparaissent avec la barrique et chantent en chœur).
Air : J'AI DU BON TABAC.
Allons, en prison,
Vilaine canaille,
Allons, en prison,
Affreux polisson !
De se sauver, il n'a plus l'espoir ;
Il mangera du grossier pain noir.
Allons, en prison,
Vilaine canaille,
Allons, en prison,
Affreux polisson !
FIN
Coller la planche entière sur un carton bristol et découper toutes les pièces – Plier en deux, à angle droit, et en avant, la grande pièce sur laquelle est dessiné le fond de la forêt. Sur cette pièce, enlever la large partie noire rectangulaire. - Sur les deux autres surfaces noires de cette pièce principale, coller la base des deux décors de droite et de gauche représentant des rocher. - Placer et fixer cette pièce principale sur une pile de livres, ainsi que cela est indiqué sur l'un des croquis. Ce sera le théâtre. - Coller par derrière chacun des personnages et le tonneau sur un crayon, ainsi que cela est indiqué par un autre croquis. - L'homme au chapeau haut de forme est Bonvin, celui au chapeau rond est Sanzo. Le bandit, les gendarmes et le tonneau se reconnaissent sans autre explication. - Il faut être deux pour jouer cette comédie ; on se place derrière le théâtre et on fait passer les personnages sur la scène en les introduisant par en dessous. - En même temps que l'on récite le rôle du personnage que l'on tient en main, on le fait mouvoir de façon à ce que ses gestes se rapportent le plus possible aux paroles qu'il prononce.