LE BAPTÈME DE JOSEPHINE
Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot
1907
PERSONNAGES
PIERRETTE. — PIERROT. — JOSÉPHINE, poupée. — PETIT-JEAN. JEANNETTE
ACCESSOIRES
Cinq poupées, dont une très petite, en toilette de baptême. — Une table recouverte d'une nappe. Quatre couverts. — Une bouteille. — Quatre chaises. — Un bouquet.
PIERRETTE, tenant sa poupée. — Où vas-tu, Pierrot ?
PIERROT. — Je vais me promener.
PIERRETTE. — Non, reste ; nous baptisons ma poupée, tu seras le parrain. Nous allons bien nous amuser. Maman m'a donné des confitures et des gâteaux ; nous pourrons faire la dînette.
PIERROT. — Oh ! Oh ! Qu'est-ce que tu as fait pour mériter ces bonnes choses ?
PIERRETTE. — J'ai fait les commissions sans me tromper.
PIERROT. — C'est vrai que ça ne t'arrive pas souvent, hein ? Comment l'appellerons-nous ta poupée ?
PIERRETTE. — Joséphine. Tiens, regarde sa belle robe, c'est Jeannette qui lui en a fait cadeau.
PIERROT. — Alors, c'est Jeannette la marraine ?
PIERRETTE. — Bien sûr ; tu seras fier de lui donner le bras, elle a une si jolie toilette !...
PIERROT. — Oh ! moi, ça m'est égal les toilettes, je n'aime pas les filles coquettes. Et Petit-Jean, est-ce qu'il est invité aussi ?
PIERRETTE. — Oui ! C'est lui qui portera les dragées.
PIERROT. — Il les mangera toutes, et puis, tu verras qu'il va nous jouer quelque mauvais tour.
PIERRETTE. — Mais non, Pierrot, mais non ; quand on est invité à un baptême, on se tient convenablement, voyons !... Écoute : les voilà ! Cours vite au jardin, tu feras un bouquet pour la marraine.
Toc, toc !
PIERRETTE. — Entrez !
JEANNETTE. — Bonjour, Pierrette.
PETIT-JEAN. — Bonjour, Pierrette.
PIERRETTE. — Bonjour, Jeannette ; bonjour, Petit-Jean. (Ils s'embrassent.)
JEANNETTE. — Où donc est ma filleule ?
PIERRETTE. — Chut ! elle dort. Quand elle s'éveillera, nous irons l'habiller. Je vais mettre le couvert en attendant ; asseyez-vous. Voici la nappe. Combien sommes-nous ? Quatre, Joséphine ne compte pas. Eh bien, quatre assiettes, quatre verres, quatre cuillers... là. Tu mettras ton bouquet au milieu, Jeannette ; ce sera superbe. J'entends Joséphine qui s'éveille ; venez vite. (Ils sortent.)
(Pierrot et Jeannette passent sur la scène en se donnant le bras.)
PIERRETTE, tenant sa poupée. — Voyez mon joli poupon, est-il assez sage ? (Elle chante.)
Eh ! dodo, pouponnette, mignonnette,
Eh ! dodo, dodinette, dodino.
Mais il faut nous dépêcher... Ah ! j'oubliais les dragées. Petit-Jean ! Petit-Jean !...
PETIT-JEAN. — Me voici.
PIERRETTE. — Prends Joséphine, il faut que j'aille chercher sa pelisse. Fais bien attention, au moins !
PETIT-JEAN. — On dirait que c'est difficile à tenir ces mioches-là... Ce n'est pas plus lourd qu'une plume ; et puis, une poupée ça ne crie jamais. (Il danse et gambade autour de la table.) Eh ! dodo pouponnette...
(Patatras ! il tombe avec la poupée.)
PIERRETTE, entrant vivement. — Oh ! quel malheur ! Ma fille, ma chérie ! N'a-t-elle rien de cassé ?...
JEANNETTE, arrivant. — Ma pauvre filleule !...
PIERROT. — Pas grand mal, heureusement. Voilà Petit-Jean qui commence sa journée, j'ai bien envie de lui allonger les oreilles.
PETIT-JEAN. — Hi, hi, hi, pas fait exprès !...
PIERROT. — Il ne manquerait plus que cela que tu l'aies fait exprès, mon garçon !... Partons-nous, cette fois ? (Ils sortent.)
JEANNETTE, rentrant. — Maintenant, nous allons déjeuner. À table !...
(Ils entrent les uns après les autres et se rangent autour de la table.)
PIERROT, levant son verre. — À la santé de Joséphine ! Ah! ça, Petit-Jean, as-tu fini de tirer la nappe ? Tu vas faire tomber la bouteille. Dis donc, Jeannette, il est joliment désagréable, ton frère !
JEANNETTE. — Oh! oui, maman le gronde toujours parce qu'il se tient mal à table.
(Petit-Jean se penche à droite et à gauche. — Paf l Drelin, ding, ding ! la table est renversée.)
JEANNETTE, criant. — Oh! ma robe !... Elle est toute tachée ; vois donc,
Pierrette...
PIERRETTE. — Mon verre est cassé !...
PIERROT. — Eh bien ! si maman a entendu, gare !
(Jeannette et Pierrette se sauvent.)
(Pierrot saisit Petit-Jean et fait le geste de le lancer dehors.)
Toi, je t'avais déjà averti. Si je te faisais passer par la fenêtre ?... Une deux, une deux !...
PETIT-JEAN. — Hi, hi, hi ! Oh ! là, là, là ! Je ne recommencerai plus, lâche- moi, Pierrot !...
PIERROT. — Ah ! tu ne recommenceras plus ? Je pense bien, c'est assez pour aujourd'hui.
JEANNETTE, rentrant. — Laisse-le, Pierrot ; il est étourdi, mais il n'est pas méchant ; une autre fois, il restera à la maison et, pour le punir, je vais l'emmener tout de suite.
PIERRETTE, de l'autre côté. — Après tout, il n'a pas fait exprès de tomber, il s'est peut-être fait mal.
JEANNETTE. — C'est bien possible ; mais, s'il s'était tenu comme tout le monde, la table n'aurait pas été renversée. Au revoir ! nous partons.
PETIT-JEAN. — Tu est fâché, Pierrot ?
PIERROT. — Je ne suis pas fâché, non ; tout de même, tu sais, quand tu ne voudras pas te tenir tranquille et t'amuser comme les autres, reste chez toi, mon garçon !
RIDEAU