THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

LE BAPTÈME DE JOSEPHINE


Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot

1907

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568467w.r=Th%C3%A9%C3%A2tre+et+marionnettes+pour+les+petits%2C+par+Mme+Girardot.langFR



PERSONNAGES
PIERRETTE. — PIERROT. — JOSÉPHINE, poupée. — PETIT-JEAN. JEANNETTE

 

ACCESSOIRES

     Cinq poupées, dont une très petite, en toilette de baptême. — Une table recouverte d'une nappe. Quatre couverts. — Une bouteille. — Quatre chaises. — Un bouquet.


PIERRETTE, tenant sa poupée. — Où vas-tu, Pierrot ?


PIERROT. — Je vais me promener.


PIERRETTE. — Non, reste ; nous baptisons ma poupée, tu seras le parrain. Nous allons bien nous amuser. Maman m'a donné des confitures et des gâteaux ; nous pourrons faire la dînette.


PIERROT. — Oh ! Oh ! Qu'est-ce que tu as fait pour mériter ces bonnes choses ?


PIERRETTE. — J'ai fait les commissions sans me tromper.


PIERROT. — C'est vrai que ça ne t'arrive pas souvent, hein ? Comment l'appellerons-nous ta poupée ?


PIERRETTE. — Joséphine. Tiens, regarde sa belle robe, c'est Jeannette qui lui en a fait cadeau.


PIERROT. — Alors, c'est Jeannette la marraine ?


PIERRETTE. — Bien sûr ; tu seras fier de lui donner le bras, elle a une si jolie toilette !...


PIERROT. — Oh ! moi, ça m'est égal les toilettes, je n'aime pas les filles coquettes. Et Petit-Jean, est-ce qu'il est invité aussi ?


PIERRETTE. — Oui ! C'est lui qui portera les dragées.


PIERROT. — Il les mangera toutes, et puis, tu verras qu'il va nous jouer quelque mauvais tour.


 

PIERRETTE. — Mais non, Pierrot, mais non ; quand on est invité à un baptême, on se tient convenablement, voyons !... Écoute : les voilà ! Cours vite au jardin, tu feras un bouquet pour la marraine.


Toc, toc !


PIERRETTE. — Entrez !


JEANNETTE. — Bonjour, Pierrette.


PETIT-JEAN. — Bonjour, Pierrette.


PIERRETTE. — Bonjour, Jeannette ; bonjour, Petit-Jean. (Ils s'embrassent.)


JEANNETTE. — Où donc est ma filleule ?


PIERRETTE. — Chut ! elle dort. Quand elle s'éveillera, nous irons l'habiller. Je vais mettre le couvert en attendant ; asseyez-vous. Voici la nappe. Combien sommes-nous ? Quatre, Joséphine ne compte pas. Eh bien, quatre assiettes, quatre verres, quatre cuillers... là. Tu mettras ton bouquet au milieu, Jeannette ; ce sera superbe. J'entends Joséphine qui s'éveille ; venez vite. (Ils sortent.)


(Pierrot et Jeannette passent sur la scène en se donnant le bras.)


PIERRETTE, tenant sa poupée. — Voyez mon joli poupon, est-il assez sage ? (Elle chante.)

Eh ! dodo, pouponnette, mignonnette,

Eh ! dodo, dodinette, dodino.

Mais il faut nous dépêcher... Ah ! j'oubliais les dragées. Petit-Jean ! Petit-Jean !...


PETIT-JEAN. — Me voici.


PIERRETTE. — Prends Joséphine, il faut que j'aille chercher sa pelisse. Fais bien attention, au moins !


PETIT-JEAN. — On dirait que c'est difficile à tenir ces mioches-là... Ce n'est pas plus lourd qu'une plume ; et puis, une poupée ça ne crie jamais. (Il danse et gambade autour de la table.) Eh ! dodo pouponnette...


(Patatras ! il tombe avec la poupée.)


PIERRETTE, entrant vivement. — Oh ! quel malheur ! Ma fille, ma chérie ! N'a-t-elle rien de cassé ?...


JEANNETTE, arrivant. — Ma pauvre filleule !...


PIERROT. — Pas grand mal, heureusement. Voilà Petit-Jean qui commence sa journée, j'ai bien envie de lui allonger les oreilles.


PETIT-JEAN. — Hi, hi, hi, pas fait exprès !...


PIERROT. — Il ne manquerait plus que cela que tu l'aies fait exprès, mon garçon !... Partons-nous, cette fois ? (Ils sortent.)


JEANNETTE, rentrant. — Maintenant, nous allons déjeuner. À table !...


(Ils entrent les uns après les autres et se rangent autour de la table.)


PIERROT, levant son verre. À la santé de Joséphine ! Ah! ça, Petit-Jean, as-tu fini de tirer la nappe ? Tu vas faire tomber la bouteille. Dis donc, Jeannette, il est joliment désagréable, ton frère !


JEANNETTE. — Oh! oui, maman le gronde toujours parce qu'il se tient mal à table.


(Petit-Jean se penche à droite et à gauche. — Paf l Drelin, ding, ding ! la table est renversée.)


JEANNETTE, criant. — Oh! ma robe !... Elle est toute tachée ; vois donc,
Pierrette...

PIERRETTE. — Mon verre est cassé !...


PIERROT. — Eh bien ! si maman a entendu, gare !


(Jeannette et Pierrette se sauvent.)


(Pierrot saisit Petit-Jean et fait le geste de le lancer dehors.)


Toi, je t'avais déjà averti. Si je te faisais passer par la fenêtre ?... Une deux, une deux !...


PETIT-JEAN. — Hi, hi, hi ! Oh ! là, là, là ! Je ne recommencerai plus, lâche- moi, Pierrot !...


PIERROT. — Ah ! tu ne recommenceras plus ? Je pense bien, c'est assez pour aujourd'hui.


JEANNETTE, rentrant. — Laisse-le, Pierrot ; il est étourdi, mais il n'est pas méchant ; une autre fois, il restera à la maison et, pour le punir, je vais l'emmener tout de suite.


PIERRETTE, de l'autre côté. — Après tout, il n'a pas fait exprès de tomber, il s'est peut-être fait mal.


JEANNETTE. — C'est bien possible ; mais, s'il s'était tenu comme tout le monde, la table n'aurait pas été renversée. Au revoir ! nous partons.


PETIT-JEAN. — Tu est fâché, Pierrot ?


PIERROT. — Je ne suis pas fâché, non ; tout de même, tu sais, quand tu ne voudras pas te tenir tranquille et t'amuser comme les autres, reste chez toi, mon garçon !



RIDEAU




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