THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

LA JEUNESSE DE GUIGNOL

Lemercier de Neuville

1898

POCHADE EN UN ACTE

Personnages :


TAUPIN, marchand de balais.
MADAME TAUPIN.
GUIGNOL, leur domestique.
GNAFRON, savetier.
MADELON, sa fille.
LAPLUME, clerc.
UN GENDARME.

Dans une rue, le soir. — A droite, boutique de Taupin. —

A gauche, boutique de Gnafron.
 


SCÈNE PREMIÈRE


MADAME TAUPIN, sur le seuil de sa porte.

Il est déjà neuf heures et il ne revient pas ! Ah l'ivrogne ! Il est encore, j'en suis sûre, à courir les cabarets ! Si c'est permis ! Un homme établi, patenté ! Le premier marchand de balais de la ville ! Etre toujours entre deux vins ! Ah ! monsieur Taupin ! Tu me le payeras ! Et si tu n'as pas de bonnes excuses à me donner, tu vas voir la soupe que je vais te tremper ! (Elle regarde au fond.) Dieu me pardonne ! Le voilà ! Et dans-quel état ! Il ne tient pas debout.



SCÈNE II


MADAME TAUPIN, TAUPIN portant un paquet de balais.
 


MADAME TAUPIN

Enfin, te voilà ! C'est pas malheureux ! D'où que tu viens comme ça ?


TAUPIN

D'où que je reviens ? Je reviens de faire une bonne affaire.


MADAME TAUPIN

Je la connais, ta bonne affaire ! Tu reviens de chez le marchand de vins.


TAUPIN

Dame ! c'est là où se font les affaires... et les bonnes ! Regarde un peu ces balais !


MADAME TAUPIN

Eh bien, qu'est-ce qu'ils ont, ces balais ?


TAUPIN

Ce qu'ils ont ? On voit bien que tu ne t'y connais pas ! Ces balais-là, vois-tu, ce sont des balais...


MADAME TAUPIN

Je le vois bien !

TAUPIN

Mais ce sont des balais de première qualité...

MADAME TAUPIN

Et le vin que tu as bu, était-il aussi de première qualité ? Ivrogne !


TAUPIN

Là ! Là ! Pas de gros mots, s'il vous plaît, madame Taupin ! Autrement, je vais vous faire faire connaissance avec mes balais ! Alors vous pourrez vous convaincre qu'ils sont comme je dis.


MADAME TAUPIN

Et qu'est-ce qu'ils coûtent, ces balais ?


TAUPIN

Ah ! voilà ! Ils ne me coûtent pas cher, va ! Je les ai eus pour rien !


MADAME TAUPIN

Pour rien ! Tu les a volés ?


TAUPIN

Madame Taupin, ce soupçon est une injure ! Non, je ne les ai pas volés, je les ai gagnés !


MADAME TAUPIN

Je voudrais bien savoir comment ?


TAUPIN

Voici comme ça s'est fait, et tu vas voir si j'ai raison d'aller chez le marchand de vins !


MADAME TAUPIN

Tu conviens donc que tu y es allé ?


TAUPIN

Puisque je te dis que c'est là que je fais mes affaires ! — J'étais donc chez le marchand de vins, quand arrive un bonhomme de la campagne qui
vendait des balais. Comme je n'en ai plus en magasin, je me dis : «Voilà mon affaire !» Je regarde la marchandise, et, la trouvant bonne, je me mets à la marchander. Nous convenons de prix, et pour terminer le marché, j'offre un verre de vin. Ça se fait toujours ! Voilà mon homme qui me dit : «Vous n'êtes pas généreux ! — Comment ça, pas généreux ?
— Dame, oui ; moi, je boirais bien une bouteille ! — Et moi aussi, que je réponds ; va pour une bouteille » Alors, quand la bouteille est là, il ajoute : «Je la boirais bien à moi tout seul !» Tu comprends, il voulait m'humilier ; mais je ne me suis pas laissé faire. Je lui dis : «Si tu en bois une à toi tout seul, moi, j'en bois deux!» Il répond : «C'est bien possible, mais je parie que tu n'en bois pas trois. — A moi tout seul ? — A toi tout seul !» Ça commençait à me monter au nez, je lui dis : « Qu'est-ce que tu
paries ? — Oh ! la consommation ! qu'il dit. — C'est pas assez ! Moi, je te parie la consommation et tes balais que je bois les trois bouteilles. » Il a accepté !


MADAME TAUPIN

Et tu as bu les trois bouteilles ?


TAUPIN

Je les ai bues, l'une après l'autre, et j'ai remporté les balais ! Et tu vois que je ne m'en porte pas plus mal ! C'est pas toi qui ferais des affaires comme cela !


MADAME TAUPIN

Ah ! non, par exemple !


TAUPIN

Allons, rentre-moi ces balais dans la boutique...


MADAME TAUPIN

C'est pas mon affaire, c'est celle de Guignol notre domestique ; je vais te l'envoyer et te préparer ta soupe, car tu dois mourir de faim ! (Elle rentre chez elle.)



SCÈNE III


TAUPIN, puis GUIGNOL



TAUPIN

C'est pas faim que j'ai, c'est soif ! Il n'y a rien qui altère comme de boire. Ah çà, mais il me semble que Monsieur Guignol prend ses aises ! (Il va à la porte.) Guignol ! Guignol ! Viendras-tu ?


GUIGNOL

Me voilà, patron, me voilà. J'étais en train de faire reluire mes souliers.


TAUPIN

Faire reluire tes souliers ! En v'là une idée ! Pourquoi faire ?


GUIGNOL

Pour me faire un miroir, parce que j'en ai pas.


TAUPIN

Mais tu n'as pas besoin de miroir.


GUIGNOL

Mais si, patron, pour me faire la barbe.


TAUPIN

Tu n'en as pas, malheureux !


GUIGNOL

Ça ne fait rien ! Je me racle la peau pour la faire pousser !


TAUPIN

Ça suffit ! Allons ! rentre-moi ces balais dans la boutique.

 

GUIGNOL

Oui, patron !


TAUPIN

Et dépêche-toi ! (Il lui donne les balais.)



GUIGNOL, à part.

Je vas en laisser un à la porte pour balayer la rue ; comme ça j'aurai pas besoin d'aller le chercher. (Il pose un balai à la porte et rentre avec les autres.)


TAUPIN

Eh bien, c'est drôle ! Voilà l'appétit qui me revient ! Comme d'habitude, ma femme ne m'aura préparé que de la soupe; je mangerais bien autre
chose, moi ! Ah ! je vais envoyer Guignol me chercher du saucisson. Un bon saucisson à l'ail, c'est ça qui fait boire ! Guignol ! Guignol !


GUIGNOL, revenant.

Patron !

 

TAUPIN

Dis donc, Guignol, tu vas me faire le plaisir d'aller m'acheter un saucisson. Un bon ! Un gros ! A l'ail !


GUIGNOL

A l'ail ! Oui, patron ! Chez le charcutier.


TAUPIN

Et tu ne vas pas être longtemps, n'est-ce pas ?


GUIGNOL

Oh ! je reviens tout de suite.


TAUPIN
Eh bien, va.


GUIGNOL

Et de l'argent ?


TAUPIN

Tu n'en as pas besoin, tu diras que c'est pour moi.


GUIGNOL

Il ne me donnera pas le saucisson. Je le connais ! Vous lui devez déjà.


TAUPIN

Comment, je lui dois ?


GUIGNOL

Eh bien, et le petit-salé d'hier ? Je l'ai pris à crédit. Les saucissons de ce matin ? A crédit aussi, même qu'il m'a dit : «Mon garçon, ça fait deux fois que tu viens sans argent ; fais en sorte d'en apporter quand tu reviendras.»

 

TAUPIN

Eh bien, tu en as bien un peu ; paye-le, je te rendrai ça !


GUIGNOL, à part.

Ouais ! Il ne me le rendrait pas, je le connais ! (Haut.) J'ai pas le sou, patron !


TAUPIN

Qu'est-ce que tu fais donc de tes économies ?


GUIGNOL

Vous le savez bien ! Puisque c'est vous qui les placez ! Depuis un an que je suis chez vous, vous ne m'avez pas donné un euro. Chaque mois vous m'avez dit que vous mettiez mes gages à la caisse d'épargne,


TAUPIN

C'est bon ! Je l'avais oublié ! Eh bien, voilà vingt euros. Tu rapporteras le reste. Pas à nia femme ! Entends-tu ? à moi !

 

GUIGNOL

Bien, patron !


TAUPIN

Et fais bien ton compte ! Un saucisson coûte douze euros. C'est huit euros que tu me remettras.


GUIGNOL

Tant que ça ?


TAUPIN

Allons, dépêche-toi ! Moi, je vais manger ma soupe ! (Il rentre chez lui.)



SCÈNE IV
 


GUIGNOL

Huit euros ! C'est une fortune ! Et dire que j'ai peut-être autant que ça à la caisse d'épargne ! Faudra que je lui reprenne mon livret, parce que j'ai, moi aussi, besoin de mon argent. Je fais la cour à Madelon, la fille du père Gnafron, le savetier d'en face ; elle n'a pas l'air de me regarder de travers, mais si je lui faisais un petit cadeau, ça irait bien plus vite ! Oh ! Madelon, quelle jolie fille qu'elle est ! Le soir, quand je ferme la boutique, je traverse la rue et je viens taper à sa fenêtre ; alors nous causons et nous nous disons de jolies choses ! Ah ! si son père voulait, nous serions déjà mariés ! Mais sa fenêtre est entr'ouverte, je parie qu'elle m'attend... Tant pis ! je ferai ma commission après ! (Il va à la fenêtre de Madelon.) Mademoiselle Madelon !



SCÈNE V


GUIGNOL, MADELON à sa fenêtre.



MADELON

C'est vous, monsieur Guignol ?


GUIGNOL

Oui, c'est moi, ma colombe ! Comment vous portez-vous à c't heure-ci ?


MADELON

Bien, monsieur Guignol, et vous ?


GUIGNOL

Oh ! moi, je n'ai qu'à vous voir pour être bien portant !

 

MADELON

Alors, comme ça, que vous sortez ce soir ! Vous allez peut-être faire une commission ?


GUIGNOL

Oui ! Une commission pressée ; mais ça peut attendre ! Dites-moi, est-ce que vous avez pensé à ce que je vous ai dit hier soir ?


MADELON
Qu'est-ce que vous m'avez dit ?


GUIGNOL

Vous le savez bien, ma colombe ! Je vous ai dit que vous étiez une bonne petite femme qui feriez le bonheur d'un bon garçon comme moi.


MADELON

Ah ! monsieur Guignol, c'est vrai que vous êtes bien aimable, mais papa ne veut pas que je me marie avec vous ! Il dit que vous n'avez pas d'argent.


GUIGNOL

Pas d'argent ! (Montrant son billet.) Tenez ! regardez ! J'ai vingt euros ! Et puis j'en ai encore bien d'autres à la caisse d'épargne ! Et puis je travaille ! Ah ! bien ! pas d'argent !


MADELON

Eh bien, si c'est comme ça, parlez-lui ! Montrez-lui vos économies. Peut-être alors qu'il consentira à nous marier ensemble. (Ils continuent tout bas.)



SCÈNE VI


LES MÊMES, GNAFRON sortant avec un vase dans les mains.



GNAFRON

 

Il n'y a personne dans la rue, je vais jeter ça dans ! le ruisseau ! (Il s'arrête.) Il me semble qu'on parle ! tout bas... écoutons !


GUIGNOL

Oui, ma colombe ! Je pense sans cesse à vous ! Et la preuve, c'est que demain je vous apporterai un joli fichu que j'ai acheté à votre intention.


MADELON

Vous vous êtes mis en dépense, monsieur Guignol.


GUIGNOL

Oh ! ce n'est rien, ça ! Mais vous, vous me donnerez bien quelque chose, un petit souvenir.


MADELON

Attendez-moi ! Je vais vous donner une pipe, une belle pipe à papa ! Il ne s'apercevra pas que je l'ai prise, il ne fume jamais celle-là. (Elle rentre.)


GUIGNOL

Oh ! ma colombe ! Allez ! je vous attends ! Quelle femme ! Comme elle est délicate ! Une pipe ! Je ne fume jamais, mais j'apprendrai à-fumer pour penser à elle ! Ah ! Je nage dans un océan de délices !

 

GNAFRON, lui jetant le contenu de son vase sur le dos.

(A mi-voix.) Eh bien, nage ! mon garçon, nage dans ton océan de délices ! (Il rentre chez lui vivement.)



SCÈNE VII


GUIGNOL
Oh ! sapristi 1 Qu'est-ce que c'est que ça ? On fait attention, au moins ! Me voilà tout mouillé ! Qu'est-ce que c'est ?... Hum ! Ça ne sent pas bon ! Est-ce que ça serait... ? (Il se sent.) Oui ! c'en est ! Ah ça, est-ce que Madelon se serait moquée de moi. Ça n'est pas possible ! Pourtant c'en est ! Voyez-vous ça ! Avec son air sainte-nitouche, elle cherchait à me retenir pour me faire cette belle farce ! Me voici bien avancé maintenant ! Mon habit est perdu ! Pouah ! Ah ! mais c'est que je n'aime pas des plaisanteries pareilles, ce n'est pas de jeu ! Moi qui croyais qu'elle m'aimait ! Mais ça ne se passera pas ainsi ! Ça lui coûtera cher ! Je vais montrer ça tout chaud au commissaire... Eh bien, on verra alors... (Il se détourne et se heurte contre Laplume.)



SCÈNE VIII


GUIGNOL, LAPLUME



LAPLUME

Holà ! Faites donc attention ! Imbécile !


GUIGNOL

Imbécile vous-même ! Je ne vous voyais pas.


LAPLUME

Eh bien, quand on ne voit pas les gens, on ne les
bouscule pas ! Qu'est-ce que vous faites là ?


GUIGNOL

Ça ne vous regarde pas !


LAPLUME

Pardon ! Pardon ! Ça me regarde ! — Je suis le clerc du commissaire, et j'ai le droit d'interroger les gens qui n'ont pas bonne mine !


GUIGNOL

Ah ! vous êtes le clerc du commissaire ? Eh bien, j'allais chez votre patron.


LAPLUME

Le commissaire est sorti, mais je le remplace.


GUIGNOL

Ah ! bien ! Alors, ça va aller tout seul.


LAPLUME, s'éloignant de Guignol.

Qu'est-ce que vous lui voulez ?


GUIGNOL, s'approchant de Laplume.

Je veux lui faire une plainte.


LAPLUME, s'éloignant.

Une plainte ! Je vous écoute.


GUIGNOL, se rapprochant.

Vous m'écoutez ?


LAPLUME, s'éloignant.

Oui ! Allez !


GUIGNOL, même jeu.

Allez ! allez ! Mais c'est vous qui allez ! Vous ne tenez pas en place ! On dirait que vous avez des fourmis dans les jambes.


LAPLUME, même jeu.

Comme ça sent mauvais par ici ! Venez de ce côté.


GUIGNOL, même jeu.

Je veux bien !

 

LAPLUME, même jeu.

Par là, ça sent encore plus fort !

 

GUIGNOL
Mais restez donc en place !


LAPLUME

Vous n'avez donc pas de nez ? C'est une infection dans ce quartier-ci.


GUIGNOL

Une infection ! Ah ! C'est ça sans doute ! (Il lui met sa manche sous le nez.)


LAPLUME

Ah ! quelle odeur ! Qu'est-ce que c'est que ça ?


GUIGNOL

Eh bien ! C'est la preuve.


LAPLUME

La preuve de quoi ?


GUIGNOL

De ma plainte...


LAPLUME

Alors, on vous a jeté...

 

GUIGNOL

Juste ! Vous avez mis le nez dessus !


LAPLUME

Oh ! oh ! très bien ! C'est une bonne affaire, contez-moi ça.


GUIGNOL

Ah ! Figurez-vous que j'étais là tout à l'heure à...


LAPLUME

Pardon ! Avant de faire votre plainte, il y a une petite formalité à remplir.


GUIGNOL

Une formalité ?


LAPLUME

Oui ! Vous comprenez que nous autres, gens de plume, nous n'avons pas de temps à perdre. Si nous causions ainsi avec tout le monde, nous n'aurions pas une minute à nous pour travailler. Donc, avant de déposer votre plainte, il est utile de nous payer.


GUIGNOL

Comment ! Comment ! Mais je me plains au contraire pour qu'on me paye.


LAPLUME

On vous payera après, mais il faut payer d'abord.


GUIGNOL

Ah ! bien, en voilà une affaire ! Mais je n'ai pas d’argent, moi !


LAPLUME

Alors, si vous n'avez pas d'argent, vous n'avez pas le droit de vous plaindre.


GUIGNOL

Eh bien ! Elle est forte, celle-là ! (A part.) J'ai bien là les vingt euros du patron... Ma foi, tant pis, j' vais les lui donner. Je les rembourserai sur mes économies. (Haut.) Dites donc, monsieur, c'est-il bien cher, la plainte ?


LAPLUME

Ça dépend. La plainte ordinaire coûte quinze euros.


GUIGNOL

Ah ! Et qu'est-ce que cela me rapportera ?


LAPLUME

Oh ! des dédommagements, c'est de l'argent bien
placé.


GUIGNOL

Bien ! — Eh bien, voilà cent sous, rendez-moi.

 

LAPLUME

Voilà cinq euros. Parlez !


GUIGNOL

Voici ce que c'est. — Tout à l'heure, on m'a jeté par cette fenêtre...


LAPLUME

Ah ! on vous a jeté par cette fenêtre...


GUIGNOL

Oui. Celle-là...

 

LAPLUME

Alors, c'est différent. Ceci est plus grave, c'est une affaire criminelle.


GUIGNOL

Ah ! je vous crois ! Tout ce qu'il y a de plus criminel !


LAPLUME

Alors, c'est une plainte au criminel ! Donnez-moi encore trois.


GUIGNOL

Comment ? Comment ? Je vous en ai déjà donné quinze : ça fait dix-huit euros.


LAPLUME

Comme vous dites. La plainte au civil est de quinze euros, celle au criminel est de dix-huit euros !


GUIGNOL

Et pourquoi cela ?


LAPLUME

Parce que les dommages-intérêts seront plus grands et que peut-être il y aura de la prison.


GUIGNOL

Diable ! Mais, au moins, c'est sûr, n'est-ce pas ?


LAPLUME

Je crois bien ! Plus vous me donnerez, plus ça vous rapportera.

 

GUIGNOL

Eh bien, voici encore trois euros.


LAPLUME

Merci ! — Je vous écoute... Ah ! dites-moi, avez- vous des témoins ?


GUIGNOL

Des témoins ! Mais toute la rue était là !


LAPLUME

Votre affaire est excellente, nous les assignerons. C'est encore cinq euros.



GUIGNOL

Cinq euros !


LAPLUME

Oui ! Voyons, combien vous reste-t-il ?


GUIGNOL, montrant son argent.

Deux euros.


LAPLUME, prenant l'argent.

Eh bien, je les prends.


GUIGNOL

Comment ? Vous disiez dix-huit euros tout à l'heure.

 

LAPLUME
J'oubliais l'huissier ! Il y a aussi trois euros pour lui.


GUIGNOL

Sapristi ! Mais je n'ai plus le sou maintenant.


LAPLUME

Qu'est-ce que ça vous fait? Votre procès est bon; vous le gagnerez et ça vous rapportera beaucoup d'argent.


GUIGNOL

Vous croyez ?


LAPLUME

Si je le crois ! Un homme qu'on a jeté par la fenêtre !


GUIGNOL

Mais non ! Au contraire...


LAPLUME

C'est une fenêtre qu'on a jetée sur vous ?


GUIGNOL

Pas du tout. C'est Madelon, une jeune fille...


LAPLUME

On a jeté sur vous une jeune fille !


GUIGNOL

Mais pas du tout, vous ne comprenez pas...


LAPLUME

Vous m'avez dit qu'on vous avait jeté par une fenêtre.


GUIGNOL

Oui !


LAPLUME

Alors, vous êtes tombé.

 

GUIGNOL
Non !


LAPLUME

Vous êtes donc resté en l'air ?


GUIGNOL

Ah ça ! vous ne voulez pas comprendre ! Tenez, sentez ça ! (Il lui met son bras sous le nez.)


LAPLUME

Eh bien, oui ! Vous sentez mauvais ; après ?


GUIGNOL

Après ? Eh bien, c'est ça qu'on m'a jeté par la fenêtre

 

LAPLUME

Ça m'a bien l'air d'être du...


GUIGNOL

Précisément ! C'en est ! C'est ce que je vous explique depuis une heure.


LAPLUME

Je comprends ! Alors, votre habit doit être gâté.


GUIGNOL

Parbleu ! Voilà ma plainte ! Qu'est-ce que vous me conseillez de faire ?


LAPLUME

Hé, mon ami ! Je vous conseille d'aller vous changer ! J'ai votre plainte, j'y donnerai la suite qu'elle comporte. Revenez me voir demain. Adieu !

 

GUIGNOL

Mais écoutez-moi donc !


LAPLUME

C'est inutile, je sais tout. Je n'ai pas de temps à perdre, et vous n'avez plus d'argent. Allez ! allez vous nettoyer, mon ami. (Il sort.)


 


SCÈNE IX

 


GUIGNOL

Me nettoyer ! Le fait est que j'en ai bien besoin ! — Enfin, voilà mon affaire en train ! Ah ! mademoiselle Madelon, vous vous permettez de vous gausser de moi, de me détériorer mes habits avec des... choses que je n'ose pas nommer, pendant que, moi, je laissais mon cœur vous acheter un fichu et vous demander un gage d'affection ! C'est honteux ! Je vous reprends mon cœur, et vous allez voir où ça va vous mener ! — Maintenant, allons chercher le saucisson du patron ; il ne doit pas être trop satisfait de voir que je ne reviens pas ! Mais, franchement ! si vous aviez eu sur le dos ce qu'on m'a jeté... Eh bien ! vous l'auriez eu sur le cœur, comme moi ! (Il sort.)

 


SCÈNE X


TAUPIN, sortant de chez lui.

Ah çà ! mais est-ce qu'il se moque de moi, ce fainéant de Guignol ? Voici bientôt une demi-heure que j'ai mangé ma soupe et que j'attends mon saucisson. Est-ce qu'il l'aurait mangé en route ? Ah ! s'il avait fait un coup comme cela, je lui montrerais que je ne suis pas marchand de balais pour rien et que je saurais bien caresser ses épaules. Justement, je vois là, à la porte, un balai qu'il a oublié de rentrer ; ça va faire justement mon affaire. (Il prend le balai.)


 


SCÈNE XI


TAUPIN, MADAME TAUPIN



MADAME TAUPIN

Eh bien ! Qu'est-ce que tu fais là dehors ! Tu ne
vas pas encore, je pense, aller chez le marchand de
vins ; tu as assez bu aujourd'hui !


TAUPIN

Toi, tu vas me laisser tranquille ! Si je suis ici, c'est que j'y ai affaire !


MADAME TAUPIN

Quelle affaire ?


TAUPIN

Ça ne te regarde pas !


MADAME TAUPIN

Ça ne me regarde pas ? C'est ce que nous allons voir ! Je parie que tu as envoyé Guignol chercher une bouteille et que tu le guettes pour la boire tout seul.


TAUPIN

Eh bien, oui ! J'ai envoyé Guignol faire une commission, mais ce n'est pas celle que tu crois.


MADAME TAUPIN

Ça m'étonnerait bien !


TAUPIN

Je l'ai envoyé me chercher un saucisson et je m'étonne qu'il ne rentre pas !


MADAME TAUPIN

Un saucisson ! Voyez-vous ça ! Je le connais ce saucisson ; c'est une bouteille de vin, ivrogne !


TAUPIN

Madame Taupin, si vous ne me croyez pas, vous allez me faire le plaisir de rentrer chez vous.


MADAME TAUPIN

Je resterai ici ; je veux voir ce que Guignol va vous rapporter.


TAUPIN

Je vous dis, madame Taupin, de vous occuper de vos affaires et de rentrer dans votre maison.


MADAME TAUPIN

Et moi, je veux rester ici.


TAUPIN

Ne me mettez pas en colère, allez-vous-en.


MADAME TAUPIN

Et si je ne veux pas ?

 

TAUPIN

Eh bien, je vais vous faire vouloir ! (Il lui donne des coups de balai.) Veux-tu rentrer ? Veux-tu rentrer ?


MADAME TAUPIN

Oh là là ! Oh ! là là ! Quel homme ! Il va me
tuer ! Oh ! là là ! (Elle rentre chez elle.)

 

 


SCÈNE XII

TAUPIN, puis GUIGNOL



TAUPIN, replaçant son balai au coin de la porte.

Avec les femmes, il faut toujours employer les grands moyens ! Pour une fois que je lui dis la vérité, elle ne me croit pas ! Elle me croira désormais ! Avec tout ça, Guignol ne revient pas ! Qu'est-ce qu'il peut bien faire, cet animal-là ? (Guignol entre.) Ah ! le voilà ! C'est pas malheureux.


GUIGNOL, à part, sans voir Taupin.

Je m'en doutais bien, le charcutier n'a pas voulu me faire crédit. Qu'est-ce que va dire le patron ?


TAUPIN

Eh bien ! Te voilà, Guignol ! Et ce saucisson ? Tu as mis le temps pour l'apporter !


GUIGNOL

Ah ! dame ! Patron ! C'est qu'il m'est arrivé une histoire.


TAUPIN
Une histoire ! Et le saucisson ?


GUIGNOL

C'est le clerc du commissaire...


TAUPIN

Comment ! Le clerc du commissaire est un saucisson ?


GUIGNOL

Non ! C'est Madelon...


TAUPIN

Madelon ! Un saucisson !


GUIGNOL

Je l'ai reçu par la fenêtre.


TAUPIN

Qu'as-tu reçu par la fenêtre ? Madelon ou le saucisson ?


GUIGNOL

Ni l'un ni l'autre ! Ce que j'ai reçu, c'est ça ! (Il lui met son bras sous le nez.)


TAUPIN

Qu'est-ce que c'est que ça ? Mais tu sens mauvais comme un rat mort ! D'où viens-tu ? Et mon argent ?


GUIGNOL

Eh ben, c'est le clerc du commissaire qui l'a, à cause de ce qu'on m'a jeté par la fenêtre; alors le charcutier n'a plus voulu me faire crédit : c'est pourquoi je ne rapporte pas le saucisson. Mais n'ayez pas peur, tout ça, ça s'arrangera demain; en attendant je vais changer d'habit !


TAUPIN

Tu vas changer d'habit ! Non ! Tu vas changer de patron, misérable ! Je te flanque à la porte !


GUIGNOL, à part.

Il ne me manquait plus que cela ! (Haut.) Vous me renvoyez ?


TAUPIN

Oui, coquin ! Je te chasse !

 

GUIGNOL

Eh bien, payez-moi mes gages.


TAUPIN

Tes gages ! Ah ! bien, avec les vingt euros que tu me voles, tu es encore trop payé !


GUIGNOL

Rendez-moi au moins mes effets !

 

TAUPIN

Tes effets ! Je vais te les jeter à la porte, drôle ! Car je ne veux pas que tu rentres chez moi ! — Ah ! voilà un saucisson qui me coûte cher ! (Il rentre chez lui.)

 


SCÈNE XIII

 


GUIGNOL

Eh bien ! Qu'est-ce que je vais devenir à présent ? Je n'ai plus d'argent ! Je n'ai plus de domicile, je n'ai plus de Madelon, je n'ai plus rien ! Et je meurs de faim, car je n'ai pas dîné, moi ! — (Frappant à la porte de Taupin.) Voyons ! monsieur, rendez-moi mes effets ! C'est que j'ai un froid de loup avec mon habit mouillé ! J'en attraperai une fluxion de poitrine, c'est sûr ! Monsieur Taupin ! Mes effets ! (Il cogne à la porte.)


TAUPIN, jetant les effets dehors.

Les voilà, tes effets ! Laisse-nous tranquilles !


GUIGNOL

Vlà mes effets ! Mais je ne peux pas me changer comme ça dehors ! S'il passait du monde, on me mettrait en contravention ! Où vais-je aller maintenant ? Si j'avais de l'argent, j'irais dans une auberge et demain je me débrouillerais ; mais je n'ai plus un sou, et je crève de faim ! Ah ! Madelon ! C'est toi qui es cause de tout, coquette, mauvais cœur ! Eh bien, je me vengerai, va ! Je ne dormirai pas cette nuit, eh bien, toi non plus. Attends ! (Il prend le balai et avec le manche frappe à la porte de Gnafron.) Tiens ! Tiens ! Tiens !

 


SCÈNE XIV

GUIGNOL, GNAFRON



GNAFRON, sortant avec un tire-pied.

Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? On veut démolir ma maison ! Attends, polisson ! Je vais t'arranger !


GUIGNOL

C'est moi qui vais t'arranger ! Savetier de malheur ! N'approche pas ou je cogne.


GNAFRON

Tu oserais ! Ne t'y fie pas.


GUIGNOL

Tu vas voir si j'ose! (Il lui donne un coup de balai.)


GNAFRON
Ah ! gredin ! Eh bien, tiens, voilà pour toi ! (Il lui donne un coup de tire-pied.)


GUIGNOL. Il lui donne un coup de balai.

Tu oses encore me battre ! Tiens !...


GNAFRON. Il lui donne un coup de tire-pied.

Tiens ! Tiens !


GUIGNOL. Il lui donne un coup de balai.

Ah ! mais non ! Pas de ça ! Au voleur ! A l'assassin !

 


GNAFRON. Il lui donne un coup de tire-pied.

Ah ! tu appelles la police ! Tiens! tiens ! tiens ! En as-tu assez ? Es-tu content ?


GUIGNOL

Assez ! assez ! assez ! (Il tombe évanoui sur le devant du théâtre.)


GNAFRON
Il a son compte ! Rentrons ! (Il rentre chez lui.)



SCÈNE XV
GUIGNOL évanoui, TAUPIN, UN GENDARME

 


TAUPIN

J'ai entendu crier au voleur ! Entre voisins, On doit se porter assistance ! Je vais crier aussi : «Au voleur ! A l'assassin !»


LE GENDARME

On a crié au voleur ! C'est vous, monsieur ?


TAUPIN

Oui, c'est moi. J'ai entendu crier au voleur et j'ai crié aussi.


LE GENDARME

Et où est-il ce voleur ?


TAUPIN

Je ne sais pas ! Je vous ai averti, c'est tout ce que je puis faire ! C'est à vous de le pincer !

 

LE GENDARME

C'est juste ! Ceci est dans les attributions de la gendarmerie ! Eh bien, laissez-moi faire. Où demeurez-vous ?

 

TAUPIN

Ici !


LE GENDARME

Rentrez chez vous ! Si j'ai besoin de vous, je vous appellerai !


TAUPIN

Et je vous prêterai main-forte, si vous en avez besoin ! (Il rentre chez lui.)



SCENE XVI


GUIGNOL, LE GENDARME



LE GENDARME

Examinons la situation ! On a crié : «Au voleur !» Donc i! y a un voleur ! Et s'il y a un voleur, il doit être ici, puisque c'est ici qu'on a crié. Par conséquent je dois être sur ses traces...


GUIGNOL, couché.

Oh ! aïe ! aïe ! Oh ! aïe ! aïe ! Il m'a tué !


LE GENDARME

Qu'est-ce que c'est ? J'entends des cris inhumains ! Ce doit être mon homme !


GUIGNOL

Oh ! aïe ! Aïe !


LE GENDARME

Le voici ! Allons ! Levez-vous ! Ne faites pas de manières !


GUIGNOL, se levant.

Oh ! aïe ! aïe ! Qu'est-ce que vous me voulez ?


LE GENDARME

Ce que je veux ? Je veux vous arrêter !


GUIGNOL

Moi ! Pourquoi ça ?


LE GENDARME

Pourquoi ? Mais parce qu'on a crié au voleur et que le voleur c'est vous !

 

GUIGNOL

Comment, c'est moi ? Mais c'est moi qui ai crié : «Au voleur !»


LE GENDARME

Ce n'est pas probable ! Qu'est-ce que c'est que ce paquet d'effets que vous avez là ?


GUIGNOL

Ce sont mes effets, à moi.


LE GENDARME

Je n'en crois pas un mot ! Prouvez-le !

 

GUIGNOL

Oh ! C'est bien facile ! Tenez ! (Il lui met sa manche sous le nez.)


LE GENDARME

Oh ! fi ! Que ça sent mauvais !


GUIGNOL

Eh bien, c'est ça ! Vous voyez bien ! Vous comprenez que je ne peux pas rester avec un habit pareil ; alors j'ai pris mon paquet pour me changer.


LE GENDARME

Hum ! Hum ! — Mais pourquoi sentez-vous mauvais comme cela ?


GUIGNOL
A cause de Madelon, qui m'a jeté... Vous comprenez...


LE GENDARME, à part.

Ne soyons pas sévère. C'est une dispute d’amoureux ! (Haut.) Oui, je comprends ! Eh bien, mon ami, changez-vous quelque part et le plus vite possible, si vous ne voulez pas être asphyxié. — Je pars, mais que je ne vous retrouve plus ici. (A part.) Cet homme sent très mauvais, mais ce n'est pas un crime et même c'est une preuve de son innocence, car jamais un voleur ne se risquerait à être parfumé ainsi : on serait tout de suite sur sa trace. (Il sort.)

 


SCÈNE XVII

GUIGNOL, puis MADELON, à sa fenêtre.

 


GUIGNOL

Eh bien, c'est encore heureux qu'il ne m'ait pas arrêté ! Et pourtant j'aurais su où passer la nuit ! Où vais-je aller sans argent ? Il ne faut pas qu'il me retrouve ici. Pauvre Guignol !


MADELON, à sa fenêtre.

Guignol ! Guignol !


GUIGNOL

Qui m'appelle ?


MADELON

C'est moi, Madelon !


GUIGNOL

Ah ! C'est vous, mademoiselle ! Eh bien, vous en avez fait de belles, avec votre flacon d'eau de Cologne...


MADELON

Taisez-vous, monsieur Guignol ! Ce n'est pas moi, c'est mon père qui m'a tout dit. Je sais tout : la grossièreté qu'il vous a faite, et puis qu'on vous avait chassé et que vous n'avez plus d'argent et que vous ne savez où aller ! Tenez, prenez ma bourse ; il n'y a pas grand' chose, mais assez pour que vous puissiez souper et vous reposer à l'auberge. — Revenez demain, j'aurai parlé à mon père; il n'est pas si mé- chant qu'il en a l'air et... tout s'arrangera.


GUIGNOL

Oh ! Colombe ! Oh ! ma tourterelle ! Oh ! chère Madelon !


MADELON, rentrant.

A demain.


GUIGNOL, seul.

Et je l'accusais ! Allons vite maintenant prendre un peu de repos, j'en ai grand besoin ! — Mais je réfléchis à une chose : c'est peut-être heureux pour moi que tout cela me soit arrivé, puisque Madelon m'aime toujours et va parler pour moi à son père ! Mon pauvre habit, je vais te faire nettoyer, mais je te garderai toujours, puisque tu m'as porté bonheur !



RIDEAU


INDICATIONS

DÉCOR



Une place publique. —A droite, boutique de Taupin. — Écriteau sur la porte ainsi conçu : TAUPIN, MARCHAND DE BALAIS. — A gauche,boutique de Gnafron avec cet écriteau : GNAFRON, SAVETIER. Cette coulisse est peinte en perspective et formant angle. Du côté du public, une fenêtre au rez-de-chaussée est machinée de façon à pouvoir s'ouvrir du dedans au dehors. — La tête de Madelon doit pouvoir y passer. — Du côté de la scène, la porte d'entrée de Gnafron est peinte sur le décor.



COSTUMES

TAUPIN, costume de concierge, avec chapeau.
MADAME TAUPIN, vieille femme.
GUIGNOL, costume traditionnel.
GNAFRON, costume traditionnel.
MADELON, costume traditionnel.
LAPLUME, commissaire.
UN GENDARME, costume traditionnel.

 


ACCESSOIRES

 

Vase de nuit. — Paquet de balais attachés. — Un balai séparé. — Un petit paquet d'effets dans une serviette ou un mouchoir de couleur. — Un tire-pied ou une botte en bois dont se servent les savetiers.


Pour jouer cette pièce seul, placement des personnages :



MAIN DROITE .................... MAIN GAUCHE

Scène I. .................... Madame Taupin.
Scène II. Taupin .................... Madame Taupin.
Scène III. Taupin .................... Guignol.
Scène IV. .................... Guignol.

Scène V. Madelon .................... Guignol.

à sa fenêtre
Scène VI. Madelon, à sa fenêtre,

Gnafron .................... Guignol.
Scène VII. .................... Guignol.
Scène VIII. Laplume .................... Guignol.
Scène IX. .................... Guignol.
Scène X. .................... Taupin.
Scène XI. Madame Taupin ….... Taupin.
Scène XII. Guignol .................... Taupin.
Scène XIII. Guignol .................... Taupin.
Scène XIV. Guignol .................... Gnafron.
Scène XV. Guignol évanoui.

Le Gendarme ............ Taupin.
Scène XVI. Le Gendarme ............ Guignol.
Scène XVII. Madelon .................... Guignol.

à sa fenêtre

 

OBSERVATIONS



Madelon est placée sur une tige de bois. Quand elle se met à la fenêtre, elle pousse avec sa tête les volets et reste accrochée par les bras. Pour faire entrer Gnafron à la scène VI, on lâche la tige de Madelon et on prend vite Gnafron. — Les pièces de monnaie montrées par Guignol à Madelon et à Laplume n'existent pas. Le public doit se figurer,qu'elles sont réellement dans la main de GUIGNOL.

 

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