THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

LA BOITE AUX LETTRES
 

Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot

1907



http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568467w.r=Th%C3%A9%C3%A2tre+et+marionnettes+pour+les+petits%2C+par+Mme+Girardot.langFR


PERSONNAGES

MAMAN DE MARCELINE ET MARCEL — MARCEL — PETIT-JEAN
MARCELINE — UNE DAME

ACCESSOIRES

Cinq poupées. — Une lettre. — Une grande boîte debout, percée d'une ouverture pour figurer la boite aux lettres.



MAMAN. — Marcel, es-tu là ?


MARCEL. — Oui, maman.


MAMAN. — Va me jeter cette lettre à la boîte. Tiens, voilà deux sous, achète le timbre et colle-le bien, n'est-ce pas ?


MARCEL. — Oui, maman.


MAMAN. — Dépêche-toi, tu vas m'aider à éplucher une salade pour le dîner.


MARCEL, seul. — Je vais passer par le square, je crois bien que Pierrot s'y trouve. (Il regarde de tous côtés.) Ah ! voilà Petit-Jean.


PETIT-JEAN. — Tu viens t'amuser, Marcel ?


MARCEL. — Non, je vais à la poste.


PETIT-JEAN. — Arrête-toi un peu, ma soeur va venir avec sa poupée.


MARCEL. — Maman m'a dit de me dépêcher.


PETIT-JEAN. — Eh bien ! pour t'en aller tu pourras courir. (Ils se promènent.) Jouons à cache-cache, veux-tu ?


MARCEL. — Je veux bien, mais pas longtemps. (Ils jouent et courent de tous côtés.) Jeannette n'arrive pas, je vais m'en aller. J'oubliais ma lettre, je cours au bureau de tabac !... Ah ! mon Dieu, mes deux sous !... Je les ai perdus en jouant !... Comment faire ?... Maman va me punir, elle ne m'avait pas donné la permission de jouer. Tant pis, je n'achète pas de timbre. Je vais mettre quand même la lettre à la poste, maman ne le saura pas. (Il jette sa lettre dans la boîte.)


UNE DAME. — Petit garçon, vous oubliez le timbre, je crois ?...


MARCEL. — Madame, j'ai perdu les deux sous.


UNE DAME. — Comment, et vous n'affranchissez pas votre lettre ?


MARCEL. — Madame, est-ce que cela fait quelque chose ?... Le facteur n'en voudra donc pas de ma lettre ?


UNE DAME. — Oh ! si, ça lui est bien égal au facteur, mais la personne qui recevra la lettre sera obligée de payer quatre sous.


MARCEL. — Vraiment ! Que je suis désolé !... C'est une lettre pour grand- père... et il n'est pas bien riche, mon pauvre vieux grand-père.


UNE DAME. — Allez vite le dire à votre mère, car vous avez eu tort, mon enfant, elle vous aurait donné deux autres sous.


MARCEL. — Elle m'aurait peut-être grondé.


UNE DAME. — Non, une maman ne se fâche pas bien fort quand son petit garçon lui dit la vérité et lui avoue ses fautes. C'est si mal de mentir à sa maman !


MARCEL, seul. — Que je suis désolé !... Voilà Marceline, tant mieux ; elle va peut-être me tirer d'affaire.


MARCELINE. — Maman n'est pas contente, elle m'envoie te chercher, car il y a longtemps que tu es parti, et elle avait besoin de toi.


MARCEL. — C'est vrai, ma pauvre Marceline, mais il m'arrive un malheur.


MARCELINE. — Allons bon ! Chaque fois que tu fais des commissions, il t'arrive des malheurs. Tu n'as pas mis ta lettre à la poste ?


MARCEL. — Si, mais sans timbre.


MARCELINE. — Ah ! bien, maman ne sera pas contente et grand-père non plus.


MARCEL, pleurant. — J'avais... perdu... les... deux sous... Je... n'osais... pas le dire...


MARCELINE. — Si j'avais su ! Tiens, moi, j'en ai deux dans ma poche.


MARCEL. — Si j'allais les mettre dans la boîte ?


MARCELINE. — Mais non, on ne met pas les sous dans la boîte.


MARCEL. — Alors, dis-moi ce qu'il faut faire.


MARCELINE. — Il faut le dire à maman, tout de suite : si la lettre n'est pas encore partie, on la lui rendra, je crois, et je lui offrirai mes deux sous en la priant de ne pas te punir.


MARCEL. — Pauvre grand-père, moi qui l'aime tant !


MARCELINE. — C'est une bonne raison pour avouer ta faute, car il serait obligé de payer en recevant la lettre. (Marcel s'avance vers la porte.)


MARCEL. — Je n'ose pas entrer.


MARCELINE, le poussant. — Allons, un peu de courage ! puisque je te dis qu'on va courir à la poste pour réclamer cette lettre et que je paierai le timbre.


MARCEL. — Oui, tu es bonne et je t'aime bien ; mais, que dira maman !... que dira maman !... 0 ma petite Marceline, tu lui demanderas de me pardonner, dis ?...


MARCELINE. — C'est qu'elle est obligée de te pardonner bien souvent ! Allons, ne pleure pas, va, je vais tout lui raconter, en lui disant que tu as beaucoup de chagrin. Suis-moi, j'entre la première.


RIDEAU





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