THÉÂTRE  DE  MARIONNETTES
 
 

L'ARBRE DE NOËL


 

Théâtre et marionnettes pour les petits, par Mme Girardot

1907
 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568467w.r=Th%C3%A9%C3%A2tre+et+marionnettes+pour+les+petits%2C+par+Mme+Girardot.langFR



PERSONNAGES :


MARCELINE — PIERRETTE — PIERROT — JEANNETTE — MARCEL — PETIT-JEAN

ACCESSOIRES


     Un petit sapin ou une branche d'arbre quelconque pouvant se planter dans un vase et se placer au milieu de la scène. — Ballon. — Polichinelle. — Trompette. — Boîte ficelée. — Poupée. — Fleurettes en papier de couleur. — Le tout préparé pour être suspendu (à défaut de ces jouets, les remplacer par d'autres que les acteurs nommeront).


PIERRETTE, seule. — Je voulais descendre dans la cour, mais il fait bien froid. Oh ! que l'hiver est triste, et que je plains les pauvres gens qui n'ont pas de feu !


MARCELINE, entrant. — Ah ! Pierrette, si tu savais tout ce que j'ai vu ! Je reviens du bazar et j'ai visité les étrennes. (Avec de grands gestes.) Des fleurs partout, des moutons frisés, des chevaux, des poupées belles comme le jour !...


PIERRETTE. — Noël doit venir bientôt.


MARCELINE. — Oui, et les mamans achètent des joujoux.


PIERRETTE. — Pas toutes, Marceline, il y a des mamans qui n'ont pas d'argent, alors elles ne peuvent rien acheter au bazar.


MARCELINE. — C'est vrai, pourtant, et leurs enfants n'ont pas d'étrennes. Nous sommes bien heureuses nous autres ; nos papas gagnent de l'argent, et tous les ans on nous achète quelque chose.


PIERRETTE. — Sais-tu à quoi je pense, Marceline ?


MARCELINE. — Non, dis voir un peu.


PIERRETTE. — Eh bien, je voudrais être riche, très riche, pour acheter des étrennes aux petits pauvres. J'irais chez ceux qui ne trouvent rien dans leurs souliers ; je leur donnerais des bonbons et des joujoux.


MARCELINE. — Je voudrais bien, moi aussi, mais nous ne sommes pas riches, ma pauvre Pierrette.


PIERRETTE. — Écoute, Madame nous a dit à l'école qu'on n'a pas besoin d'être riche pour être charitable, qu'il suffit d'avoir bon cœur ; si nous garnissions un arbre de Noël pour Madeleine, Léon et la petite Marie ?


MARCELINE, battant des mains. — Oui, oui, je veux bien ; as-tu un arbre ?


PIERRETTE. — J'ai une belle grande branche verte que mon parrain m'a cueillie dans son jardin pour faire ma chambre plus jolie.


     (Elle sort et rapporte la branche qu'elle place au milieu de la scène.)


MARCELINE. — Voilà notre arbre ! Et avec quoi le garnirons-nous ?


PIERRETTE. —J'ai deux ballons, je puis en donner un.


MARCELINE. — Je cours chercher mon vieux polichinelle, apporte ton ballon (elles sortent et rentrent avec les jouets qu'elles suspendent au sapin).


PIERRETTE. — Tu donnes aussi une trompette ?


MARCELINE. — Ce n'est pas moi, c'est Marcel.


PIERRETTE. — Pourquoi ne vient-il pas nous aider ?


MARCELINE. — Il est enrhumé, maman ne veut pas le laisser sortir.


PIERRETTE. — Je vais appeler Pierrot qui nous donnera bien quelque chose aussi lui. Pierrot ! Pierrot !...


PIERROT, accourant. — Que désires-tu, ma petite Pierrette ?... Ah ! vous préparez un arbre de Noël !


PIERRETTE. — Oui, pour offrir des étrennes à nos amis, Madeleine, Léon et Marie.


PIERROT. — Bonne idée ! Ils seront si contents !


PIERRETTE. — Qu'est-ce que tu vas nous donner, toi ?


PIERROT. — Une boîte de soldats (il sort et revient avec sa boîte qu'il accroche à une branche). Faut-il prévenir Jeannette et Petit-Jean ?


MARCELINE. — Oui, va leur demander s'il veulent se joindre à nous.


     (Pierrot sort.)


     (Jeannette arrive avec sa poupée.)


PIERRETTE. — Oh ! tu nous apportes ta poupée, Jeannette ?


JEANNETTE. — Ça me fait plaisir de vous donner quelque chose, prenez-la, j'en ai une autre qui me suffit.


MARCELINE. — Petit-Jean ne vient donc pas ?


JEANNETTE. — Il est resté à la porte.


PETIT-JEAN, qui pleure, amené par Pierrot. — Hi, hi, hi, hi ! Je ne veux pas entrer.

PIERRETTE. — Pourquoi, tu es donc fâché ?


PETIT-JEAN. — Non, je n'ai rien à vous donner, rien du tout.


PIERROT. — Monsieur abîme ses jouets, et il jette les morceaux dans la rue.


JEANNETTE. — Maman lui en donne pourtant bien souvent.


PIERRETTE. — Alors, tu ne te mets pas avec nous ?


PETIT-JEAN. — Hi, hi, hi ! je voudrais bien.


PIERROT. — Hi, hi, hi! hi, hi, hi ! as-tu bientôt fini ?...


PETIT-JEAN. — Je veux m'en aller.


PIERRETTE. — Non, reste ; on dirait que tu n'as pas bon cœur. Nous t'inviterons quand même, va t'asseoir. Une autre fois, par exemple, tu seras plus soigneux, et tu songeras à nos petits amis.


PETIT-JEAN. — Merci, Pierrette ; je te donnerai des bonbons si le bonhomme Janvier m'en apporte.


PIERRETTE. — Ah ! je savais bien, moi, qu'il avait bon cœur.

(Elle se place debout au milieu de la scène.)
     Il sera très joli notre sapin, je vais y mettre encore quelques fleurs en papiers, et ce sera superbe, vous verrez. (Elle sort et rapporte des fleurettes qu'elle dispose dans le sapin.)


PIERROT, battant des mains. — Bravo ! c'est magnifique.


PIERRETTE. — Maintenant, il faut aller dire à nos camarades que nous les attendrons ce soir, ici. Jeannette, va-t'en chez Madeleine. (Jeannette sort.) Marceline ira chez Marie et Petit-Jean chez Léon. (Marceline et Petite-Jean sortent.)


PIERROT. — Quelle excellente idée tu as eue, ma petite Pierrette. Je me réjouis de voir leur surprise.


PIERRETTE. — N'est-ce pas ? Oh ! oui, c'est bien agréable de faire plaisir aux autres. Me voilà toute joyeuse, embrassons-nous, Pierrot.


(Ils s'embrassent.)

RIDEAU

 




Créer un site
Créer un site